Il faut être une grande banque pour pouvoir implanter une filiale en Algérie, telle semble être la nouvelle orientation du dispositif institutionnel. La Banque d'Algérie a-t-elle retenu les leçons de l'affaire Khalifa et de la série de scandales qui ont émaillé la scène financière ces dernières années ? Le temps du laxisme semble être révolu. La Banque centrale vient de rendre difficile l'accès au marché bancaire et semble avoir renforcé le contrôle et la supervision sur les banques. En d'autres termes, la Banque centrale a durci les conditions d'ouverture d'une banque en Algérie. Elle vient, en examinant une demande d'autorisation de constitution de banque émanant de la britannique HSBC, de mettre en application le nouveau règlement du 26 novembre 2006 fixant les conditions de constitution de banques et d'établissements financiers et d'installation de succursales de banque et d'établissement financier étranger, lit-on dans le communiqué du Conseil de la monnaie et du crédit rendu public samedi, le surlendemain de la réunion tenue jeudi dernier au cours de laquelle le conseil a étudié une demande d'autorisation de constitution de banque et passé en revue au cours de cette session la situation financière de l'Algérie au cours de l'année 2006. Ce nouveau règlement, qui définit le cadre d'analyse et d'appréciation de toute nouvelle demande d'autorisation, en conformité avec l'ordonnance 03-11 relative à la monnaie et au crédit, renforce les conditions d'accès à la profession bancaire et élargit le contrôle en faisant de la phase d'autorisation, dans l'esprit des 25 principes de Bâle, le premier palier d'exercice de la supervision. Ainsi le conseil, en application de ce texte apprécie en examinant la demande, dans quelle mesure cette banque va contribuer au développement harmonieux du système bancaire. Le conseil, pour se prononcer sur toute demande, s'appuie sur les paramètres fondamentaux fixés par le règlement du 24 septembre 2006 et qui confèrent une importance particulière à la qualité de l'actionnariat, notamment quant à la capacité financière, son expérience, et son savoir-faire dans le domaine bancaire et financier de manière générale et son engagement à apporter son soutien financier à la banque ; la solidité financière de cette banque et du groupe auquel elle appartient ; le rating de la maison mère et la place qu'elle occupe dans son pays d'origine, sa région, voire dans le monde. Le conseil accorde une attention particulière à l'origine des capitaux dans le cadre de la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Il faut donc être une grosse pointure ou un professionnel reconnu pour ouvrir une banque en Algérie. “Stabilité du dinar et maîtrise de la hausse des prix Quant à la situation financière du pays, les signaux sont au vert. Le volume de la dette extérieure s'est situé à 5 milliards de dollars à fin décembre 2006. Les ressources accumulées au niveau du Fonds de régulation se sont substantiellement accrues, note la Banque d'Algérie. Il convient de rappeler que les réserves en devises du pays ont atteint 77,78 milliards de dollars à fin décembre 2006, soit de quoi couvrir trois ans d'importation. Selon la Banque d'Algérie, la hausse des prix est maîtrisée. “La poursuite en 2006 d'une conduite prudente de la politique monétaire notamment en termes de gestion des excès de liquidités par la Banque d'Algérie a permis une maîtrise continue de l'inflation (hausse des prix) dont le taux s'est situé à 2,5% en 2006”. En d'autres termes, pour éviter une hausse des prix importante due à une croissance de la masse d'argent circulant sur le marché due aux entrées importantes réalisées grâce à la flambée des prix du pétrole, la Banque d'Algérie a agi pour maîtriser la croissance de la masse d'argent en circulation. La liquidité bancaire avait atteint 1 146,9 milliards de dinars à fin décembre 2006, contre 732 milliards une année aupravant. En outre, elle agit pour stabiliser la valeur du dinar. “Dans ses interventions sur le marché interbancaire de change, la Banque d'Algérie a veillé à la stabilité du taux de change effectif du dinar”, lit-on dans le communiqué. En effet, le taux de change n'a pas dépassé le seuil de 75 dinars pour un dollar depuis une bonne période. Cette tendance à la maîtrise de la hausse des prix et à la stabilité du dinar sera maintenue à court et à moyen terme, souligne le communiqué. “Pour l'année 2007, en conformité avec la mission conférée à la Banque d'Algérie de veiller à la stabilité interne et externe du dinar et en phase avec l'objectif d'inflation de 3% sur le moyen terme, le Conseil de la monnaie et du crédit a fixé le taux de la croissance monétaire dans la fourchette 17,5% à 18,5%, avec comme objectif une croissance des crédits à l'économie située entre 14 et 15%. Les crédits aux entreprises ont atteint 1 941 milliards de dinars, contre 1 804 en 2005, avec une part de 52,8% au secteur privé. La gestion des excès de liquidités sera donc prudente. Mais l'octroi de financements suffisants pour les investissements productifs sera assuré. La disponibilité de liquidités importantes dans les banques devra servir au financement de projets créateurs d'emplois et de richesses et de façon générale à soutenir la croissance de l'économie nationale, observe la Banque des banques. N. Ryad