La lutte contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne ne peut s'effectuer uniquement par des efforts nationaux, ont souligné dimanche à Alger des experts dans les questions sécuritaires en Afrique et Moyen-Orient, affirmant qu'une coopération «étroite » entre l'Algérie et la France peut être une réponse à la crise sévissant dans le nord du Mali. Intervenant lors d'une rencontre autour de la crise sécuritaire dans les pays du Sahel et les effets négatifs d'une intervention étrangère, organisée à l'hôtel el-Aurassi par l'Association algérienne de soutien à la famille rurale et le magazine «Aldjazaïr.com », l'ancien directeur de la surveillance du territoire français (DST), M. Yves Bonnet, a estimé, qu'« il n'est pas possible de lutter contre le terrorisme avec des réponses nationales ». C'est dans ce cadre qu'il a préconisé «une coopération étroite entre l'Algérie et la France pour juguler le phénomène du terrorisme dans la région sahélo-saharienne et en particulier au Mali ». Partant du fait que la menace terroriste est «un phénomène qui touche toute la façade méditerranéenne », il a reconnu que son pays (la France) « n'a pas agi pour aider le Mali dans sa crise conformément aux accords qui lient les deux pays ». Rappelant, à ce titre, que la France est liée au Mali comme aux pays francophones d'Afrique par des accords d'assistance en cas d'agression ou de tentatives de déstabilisation, M. Yves Bonnet a regretté de ne pas voir ces accords mis en oeuvre dans le cas du Mali menacé de partition et par les groupes terroristes dans sa partie située au Nord. Soulignant que «l'Algérie est le seul pays de l'Afrique du nord qui a une armée bien équipée et bien entraînée », l'ancien directeur de la DST a mis l'accent sur « l'absolue nécessité d'un rapprochement de la France avec l'Algérie pour ramener la sécurité et l'apaisement dans la partie nord du Mali et dans l'ensemble des pays du Sahel africain ». Pour le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), M. Eric Denécé, une coopération entre l'Algérie et la France « est la seule voie possible pour un retour à la stabilité dans la région du Sahel en général et le nord du Mali en particulier ». Il a rappelé, dans ce contexte, les conclusions d'une mission d'enquête indépendante en Libye, au summum de la crise dans ce pays, dont il était membre, regrettant que la suite des événements dans la région ait donné raison à ce panel qui avait attiré l'attention des puissances engagées en Libye des dangers de dislocation de l'Etat nation dans ce pays. M. Denécé a estimé, en outre, que ce qui est appelé «printemps arabe », obéissant à une stratégie de déstabilisation de l'Afrique de Nord et du Moyen-Orient mise en oeuvre depuis 4 ans, «visait aussi l'Algérie », un domino, a-t-il dit, qui a résisté et qui n'est pas tombé.