Des groupes de cybernautes anonymes ont attaqué le site internet de Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement en Tunisie, ainsi que le courrier électronique d'un membre dirigeant de ce parti. «Nous sommes des jeunes +hackers+ et nous ne faisons qu'agir dans l'intérêt de la Omma (nation) islamique », ont-ils décliné sur la page affichant le mot «hacked » (piraté) avec au milieu la photo de Rached Ghannouchi. « Malheur aux marchands de la religion!" ont-ils écrit sur la page d'accueil du site www.ghannoushi.net dont le contenu a été rendu inaccessible sans être détruit. Selon ses auteurs, cette opération ne vise pas la fermeture du site. C'est un message d'avertissement visant à dénoncer «l'hypocrisie » du dirigeant islamiste et de sa formation, ont-ils affirmé. La mouvance salafiste est montée au créneau contre Ennahda après les déclarations de son chef qui affirmait le 26 mars qu'il avait renoncé à faire inscrire la charia (loi islamique) comme source de législation dans la future constitution. Les membres d'un autre groupe dit «Anonymous Tunisia » ont revendiqué via le web le piratage du courrier électronique de Mohamed Ben Salem, membre de l'exécutif d'Ennahda et ministre de l'Agriculture. Quelque 746 mails présentés comme des échanges du ministre ont été publiés par le groupe sur le site «Anonymous Tunisia ». Un des courriels dévoile le contenu d'un procès verbal d'une réunion d'Ennahda mettant en garde contre «le danger salafiste et s'interrogeait sur les moyens de traiter » avec cette frange radicale. Le document présente le salafisme violent comme une «menace » pour la Tunisie tout comme l'activisme d'extrême gauche et la contrebande frontalière. Anonymous Tunisia avait déjà annoncé le 8 avril le piratage de courriers électroniques échangés entre les principaux responsables islamistes, dont ceux du Premier ministre Hamadi Jebali. Un Tunisien portant le masque d'Anonymous a déclaré que le groupe allait « faire la guerre à toute personne, parti ou gouvernement qui porterait atteinte aux libertés » en Tunisie. Rached Ghannouchi a minimisé les opérations de piratage. « Nous n'avons pas vu de contenu susceptible de créer le scandale, le visage caché d'Ennahda n'est pas différent de son image », avait-il affirmé.