L'émissaire onusien, Kofi Annan, devait assister hier à Doha à une réunion de la commission ministérielle de suivi de la Ligue arabe sur la Syrie. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exhorté hier le gouvernement syrien à garantir une liberté totale de mouvement à la mission d'observateurs et suggéré que l'UE fournisse des hélicoptères ou des avions à la future mission de supervision du cessez-le-feu en Syrie. «C'est la responsabilité du gouvernement syrien que de garantir la liberté d'accès et la liberté de mouvement dans le pays» aux observateurs de l'ONU, a souligné M.Ban en marge d'une visite officielle au Luxembourg. Les observateurs arrivés dimanche «devraient être autorisés à se déplacer librement dans n'importe quel endroit pour y être en mesure d'observer la fin des violences», a-t-il souligné. Après un premier groupe de six observateurs, la mission doit s'étoffer «dans les prochains jours» pour comprendre une trentaine de personnes. A terme, elle doit être remplacée par une mission onusienne de supervision comprenant 250 hommes, dont le déploiement nécessitera une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. «Le Conseil de sécurité me demande désormais de soumettre une proposition formelle pour une mission de supervision de l'ONU (...) Je le ferai d'ici demain mercredi» (aujourd'hui, ndlr), a-t-il précisé. Mais la situation sur le terrain reste «fragile», a-t-il admis. Les troupes gouvernementales bombardaient hier plusieurs localités syriennes en dépit de l'arrivée des premiers observateurs de l'ONU chargés d'évaluer le respect du cessez-le-feu, suscitant les craintes de la communauté internationale sur l'avenir de la mission. Hier, au moins cinq civils ont péri en Syrie malgré l'entrée en vigueur officiellement le jeudi 12 avril du cessez-le-feu prévu dans le plan de M.Annan, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé à Londres). Le secrétaire général de l'ONU a reconnu que même 250 hommes «ne suffisent pas compte tenu de la situation actuelle et de l'immensité du pays», et «c'est pourquoi nous avons besoin d'une mobilité efficace pour notre mission d'observateurs», a-t-il relevé. M.Ban a précisé avoir discuté lundi à Bruxelles avec les responsables européens, dont le président de l'UE Herman Van Rompuy, celui de la Commission José Manuel Barroso et la responsable de la diplomatie Catherine Ashton, pour savoir «si l'Union européenne pourrait fournir du matériel pour une mobilité efficace, y compris des hélicoptères et des avions», à la mission. «J'ai l'impression que les responsables de l'Union européenne voient cela d'un bon oeil», a-t-il précisé, tout en soulignant «n'envisager aucune protection militaire de l'ONU en ce moment». D'un autre côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a jugé hier que le cessez-le-feu en Syrie était «fragile» et a estimé que «certains» pays souhaitaient que le plan de paix de Kofi Annan échoue. «Effectivement, le cessez-le-feu est relativement fragile»», a déclaré M.Lavrov lors d'une conférence de presse à Moscou. «Il y en a qui veulent un échec du plan de Kofi Annan et qui ont exprimé (une telle position) avant même que le plan soit rendu public», a-t-il ajouté. «Il y a des pays, des forces extérieures (à la Syrie), qui ne veulent pas du succès des efforts du Conseil de sécurité de l'ONU», a encore dit M.Lavrov, sans les nommer. La Russie -principal allié de Damas - dénonce régulièrement le soutien d'Etats occidentaux et du Golfe à l'opposition armée en Syrie. Notons par ailleurs que M.Kofi Annan, l'envoyé spécial des Nations unies sur la Syrie, se rendait hier à Doha, au Qatar, pour participer à une réunion ministérielle de suivi sur la Syrie de la Ligue arabe, selon un communiqué de son porte-parole publié à Genève. Lors de ce séjour à Doha, M.Annan aura également des entretiens avec le Secrétaire général de la Ligue arabe, M.Nabil El-Arabi. M.Annan sera accompagné par le vice-envoyé spécial de l'ONU, M.Nasser El-Kidwa.