La moudjahida Zohra Drif-Bitat «On se réunit aujourd'hui pour agir en construisant notre propre discours qui est la vérité et le diffuser au plus grand nombre» a déclaré hier la moujahida Zohra Drif-Bitat. «Préservons ensemble les acquis de l'Indépendance et Novembre» est l'intitulé du «rendez-vous hebdomadaire avec la parole» qu'a organisé hier l'Onci à la salle Atlas. L'invitée de la semaine dernière, la moujahida Zohra Drif-Bitat, après avoir répondu aux accusations haineuses de BLH, est revenue cette fois surtout pour savoir comment matérialiser concrètement le manifeste lancé la semaine dernière, autrement dit, son texte lu par M.Slimane Hachi, directeur du Cnrpah l'ayant intitulé «Contre le colonialisme, autrement». Hier, en présence de la ministre de la Culture et de quelques intellectuels dans la salle, il s'agissait de réfléchir ensemble sur comment répondre à ce qui est organisé ailleurs et qui se traduit comme l'a souligné précédemment Mme Bitat, par «ce processus de déligitimation de notre guerre de Libération nationale par une nouvelle forme de colonisation en distillant des idées insidieuses et faire croire à cette envie d'écrire notre histoire commune, construite sur un raisonnement de symétrisation et de dire il y a eu de la violence de part et d'autre en les mettant sur le même plateau de la balance et donc qu'il n y a pas eu de faute.» Or la première violence commise dira M.Hachi, est déjà «la colonisation qui est une insulte à l'Histoire et une spoliation des âmes, des terres, des esprits et de nos tissus socioculturels». Et de renchérir: «Ce qui est terrible est justement cette colonisation des esprits» a t-il fait remarquer tout en insistant sur la nécessité de trouver des réponses à ce qui est organisé ailleurs, pensé autrement comme «action» et non pas comme «réaction» et se redéployer à partir de ce manifeste en étant fier de ce que nous sommes, à récupérer ainsi notre histoire toute pleine de motifs de fierté, à même de construire notre avenir selon M.Hachi. «Moi je connais mes limites. Notre classe intellectuelle devra se pencher sur cette recherche et voir comment rendre à ce peuple qui nous a donné l'indépendance, a de tout temps manifesté, vous les intellectuels avec vos moyens pour apporter et aller à sa défense. L'objectif de notre recherche est de s'organiser.» Aussi, a-t-elle ajouté: «On se réunit aujourd'hui pour agir en construisant notre propre discours qui est la vérité et le diffuser au plus grand nombre.» M.Hachi a exhorté aussi les gens à avoir comme repères des gens comme Zohra Bitat qui est une «icône» selon ses termes. A la question pourquoi se réunir aujourd'hui? Mme Bitat invitera l'assistance à regarder l'actualité internationale, en cette année du cinquantième anniversaire de l'Indépendance algérienne. «Il y a une volonté des puissances anciennement colonisatrices à coloniser autrement les pays dominés avant.» Mme Bitat qui soulignera que l'Algérie a fait des avancées extraordinaires depuis 1954, dénoncera le fait que la nouvelle génération aime parler de nos problèmes avec ceux-là qui nous ont colonisés jadis. Elle proposera qu'on fasse notre propre bilan et règle nos problèmes entre Algériens. Pour sa part, Mme Najet Khadda, professeur de littérature à la Faculté d'Alger et membre chercheuse aussi au Cnrpah a émis une liste de propositions concrètes dont la mise en place d'une stratégie à même de penser à une diffusion plus large de cette plate- forme qui est le Manifeste, en prenant aussi en charge le problème de la jeunesse autrement, en pensant à trouver aussi les moyens à leur transmettre ces données grâce à une médiatisation efficace mais aussi en encadrant des travaux de recherche continue, opérer des haltes et donner l'occasion d'en débattre le plus souvent possible afin de faire connaître leur état d'avancement. Enfin, elle suggéra que le Centre d'étude et de recherche soit le lieu ou la structure autour de laquelle pourraient s'ériger ces travaux. M.Hachi invitera tout le monde à prendre part activement à cette démarche, chacun dans le domaine de sa compétence et d'engager un effort de recherche sur cette question. Car a-t-il dit «c'est une affaire de tout le peuple algérien». D'autres suggestions ont émané ici et là et ont consisté à demander à traduire le Manifeste dans les langues arabe, française et amazigh, à en parler dans les écoles en interaction avec le mouvement associatif notamment. Enfin, à propos de la loi sur la criminalisation de la colonisation qui n'a pas connu de suite en Algérie, Mme Bitat dira que «si toute la société civile s'impliquait avec force, elle l'aurait imposée, les choses ne se seraient pas passé comme ça. Cela voudrait dire qu'il n'y a pas eu d'assises sérieuses. Le travail qu'on va mener devra être des propositions bien articulées avec des assises juridiques, politiques et idéologiques» a-t-elle fait savoir.