Ce qui s'est passé, mardi dernier à bord du vol Rome-Tunis, ne peut passer sous silence ni être effacé par un simple coup d'éponge. Que faut-il qu'il puisse nous arriver de plus pour que notre diplomatie élève la voix et frappe du poing sur la table? A moins que les jeunes Algériens candidats à l'immigration clandestine ne soient pas considérés comme des citoyens à part entière. Ce qui s'est passé, mardi dernier à bord du vol Rome-Tunis ne peut passer sous silence ni être effacé par un simple coup d'éponge. On pensait que le traitement, révoltant, subi par deux de nos compatriotes, n'était réservé qu'aux animaux. Eh bien non! Les Algériens y ont droit aussi! Que vaut aujourd'hui un Algérien en difficulté dans un pays étranger? Pas grand-chose apparemment si on se fie à la «mésaventure» vécue, en Italie, par deux de nos ressortissants candidats malheureux à l'immigration clandestine. Interceptés par la police italienne en zone internationale de l'aéroport de Rome, après que l'avion qu'ils avaient pris de Tunis et qui devait rallier Istanbul y ait fait une escale technique, ils ont été expulsés, le 17 avril, à bord d'un vol Rome-Tunis dans des conditions qui font fi du respect le plus élémentaire de la dignité humaine. Une photo prise par Francesco Sperandeo, un cinéaste italien, qui a fait partie des passagers, montre un de nos compatriotes surveillé de près par un policier italien en civil en très mauvaise posture: du ruban adhésif sur la bouche et les poignets ligotés par du fil en plastique. Diffusé sur Facebook et repris par l'ensemble de la presse, le document, a soulevé l'indignation de certaines personnalités transalpines. «Regardez ce qui est arrivé aujourd'hui (mardi) sur le vol Tunis-Rome de 9h20. Deux citoyens tunisiens expulsés d'Italie et traités comme des animaux», peut-on lire sur la page facebook du photographe italien. «Je suis profondément indigné. Nous avions assisté à des abus de ce genre, à Guantanamo...c'est là une violation des droits humains fondamentaux, mais aussi du bon sens humain ordinaire et de la décence» s'est indigné Stefano Pedica, le vice-président de la Commission des affaires européennes et membre de la Commission sénatoriale des relations étrangères du Parti de l'Italie des valeurs (IDV) qui s'est engagé à interpeller le gouvernement au Parlement. Pendant ce temps-là c'est silence radio du côté d'Alger. Enfin presque. Comme à son habitude, la diplomatie algérienne a mollement réagi au traitement infligé à ses ressortissants à l'étranger. «Nous sommes...en train de vérifier la véracité des informations relayées par la presse et si elles sont avérées, la partie italienne sera appelée à fournir les explications qui s'imposent en la matière», a déclaré Amar Belani, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, cité par TSA. Il ne faut pas s'étonner dans ce cas de voir, les Italiens ou les Européens en général, ne vouloir que tirer profit de cette manne financière providentielle que représente l'Algérie. Courtisée par les pays du Vieux Continent (Italie, Espagne, France...) qui sont devenus des destinations prisées par les candidats à l'immigration, l'Algérie ne vaudrait donc que par les opportunités qu'offre son marché. Quelque 150 entreprises italiennes y font leur beurre.40% d'entre elles dans les hydrocarbures, 40% autres dans le Btph et les 20% restants dans le commerce et le soutien aux marchés publics. Quant à la circulation des personnes entre les pays, c'est une autre paire de manches. Certains pays de l'UE ont durci leur politique d'immigration envers les Algériens. A l'instar de la France qui envisage de rendre extrêmement draconiennes ses conditions d'acceuil. Comble de l'ironie, c'est à la veille de la célébration d'une indépendance acquise au prix fort (1,5 million de martyrs) après avoir mené une guerre de Libération féroce qui aura duré plus de sept ans que la nationalité algérienne a été foulée au pied. Les partis politiques, en campagne électorale, sont restés muets à ce sujet alors que la diplomatie algérienne qui n'a réagi que tardivement et du bout des lèvres doute de la véracité de faits humiliants subis par des nationaux. Etrangement, c'est en Italie que cette affaire a soulevé l'indignation. Il y a une part non négligeable de la part de nos ambassades et de nos représentations consulaires dans le traitement qui est réservé à nos ressortissants à l'étranger qu'ils soient résidents permanents ou de simples touristes. Il ne faut pas s'étonner que des forces de police, d'un pays européen, foncièrement racistes nous malmènent quand le nôtre nous ignore ou nous laisse tomber. L'affaire Ali Ziri est édifiante à plus d'un titre. Ce retraité algérien est décédé, en France, en 2009 après une interpellation musclée par des policiers français. Cette «hogra» a pris d'abord racines chez nous. Elle se manifeste quotidiennement à travers une administration sclérosée, bureaucratisée à outrance, qui est devenue un foyer d'exercice du pouvoir. Loin des préoccupations du citoyen. L'obtention du moindre document (fiche familiale, individuelle...) est un casse-tête. Un modèle qui est exporté et reproduit par nos représentations officielles à l'étranger...