L'entente entre les deux pays en matière sécuritaire et policière semble totale et concrète. «La France ne peut pas lutter seule contre le terrorisme»,«l'Algérie sait parfaitement qu'elle a besoin de cette collaboration, tout comme la France». Ces deux phrases exprimées par le premier policier de France, Nicolas Sarkozy, qui vient d'effectuer une visite de deux jours en Algérie, résument la philosophie et la détermination des deux pays en matière de coopération sécuritaire entre eux. Mais, il n'y a pas que cela. Les intérêts entre les deux parties sont tellement imbriqués que ce qui se passe dans l'un ou l'autre pays a irrémédiablement des répercussions directes sur les deux pays. Ainsi, plusieurs responsables algériens qui ont rencontré le ministre français de l'Intérieur lui auraient «déconseillé» que la France adopte un texte sur le port du voile dit islamique. Cette révélation a été faite par Nicolas Sarkozy en personne à des journalistes français qui l'ont accompagné durant sa visite de deux jours en Algérie. Bref, les discussions du premier policier de France avec les responsables algériens n'ont pas porté uniquement sur les volets classiques de la coopération policière et sécuritaire. Ils ont débordé sur des aspects politiques et politiciens qui concernent tout autant la France que l'Algérie. Après avoir été annoncé et reporté il y a quelques semaines, le voyage du ministre français de l'Intérieur, de la Sécurité et des Libertés locales, M.Nicolas Sarkozy, qui fait souvent la Une des journaux de l'Hexagone, n'est donc pas exclusivement technique. Au cours de cette troisième visite en moins de trois ans, qui a commencé avant-hier, le premier policier de France a rencontré et a été reçu par plusieurs hauts responsables du gouvernement et de l'Etat dont le président de la République Abdel-aziz Bouteflika et le Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia. Le terrorisme, le trafic d'armes ou d'explosifs, la lutte contre les filières d'immigration illégale, le crime organisé (vols de véhicules, trafic de drogue) ou la sécurité civile ont été au centre des entretiens du responsable français avec ses vis-à-vis algériens. Autrement dit, Sarkozy est venu à Alger pour ce qu'il a appelé des «actes» de coopération tous azimuts ou si l'on veut, selon Yazid Zerhouni, le ministre algérien de l'Intérieur, pour une coopération «confiante et opérationnelle». Dans ce cadre, les deux parties ont signé, à l'issue d'une série d'entretiens, deux accords dont l'un dit «accord cadre» sur la Protection civile et l'autre ordinaire sur la police. Concrètement, par le biais du premier accord, Paris offrira à la Protection civile algérienne deux hélicoptères Alouette III remis à neuf. Elle donnera également pas moins de 2,4 millions d'euros pour organiser le commandement opérationnel de la sécurité civile algérienne. Dans le même temps, la France se dit prête à «former 600 cadres du secteur dans les trois ans qui viennent». A propos de la police, M.Sarkozy a indiqué qu'il prévoyait la création d'un «fonds de solidarité prioritaire en matière de police, à hauteur de 1,5 million d'euros, dès 2004». L'objectif est de permettre à la police algérienne de créer une «véritable brigade financière» qui sera chargée, selon M.Sarkozy, d'«attaquer le terrorisme par le biais du blanchiment et le crime par l'argent». En tout cas, à l'issue de sa visite et d'une audience au cours de laquelle il a eu pas moins de 4 heures de conversation avec le président Bouteflika, le ministre français de l'Intérieur a affirmé dans une déclaration à la presse, qu'«il y a une totale convergence de vues et d'analyses avec une volonté que cette collaboration entre l'Algérie et la France soit la plus concrète et la plus opérationnelle possible». Au vu de tout cela, et des «initiatives qui seront prises dans les semaines et les mois qui viennent», dixit Sarkozy, le voyage de ce dernier en Algérie n'est passé inaperçu.