Riache el Haouès, l'ambassadeur d'Algérie en Suisse, a déploré la stigmatisation de la communauté algérienne dans la Confédération helvétique. Deux policiers algériens se sont rendus à Genève, en civil, pour collaborer avec la police genevoise dans la lutte contre la délinquance. Explication: loin des terrains de football, à Genève les «Zizous» font régner la loi du vol et de l'agression. Dans la rue de Fribourg, ils seraient 250 petits délinquants, pour la plupart des Algériens et sans papiers, à garnir les fichiers des services de police. Seulement, à chaque fois que ces jeunes sont arrêtés, ils sont, aussitôt relâchés. Ce procédé montre, si besoin est, la délicatesse de la situation dans laquelle se trouvent les autorités sécuritaires genevoises. Surtout que le dispositif mis en place contient des insuffisances qui participent de son inefficacité. Le désarroi des autorités apparaît, clairement, dans les propos du maréchal Français, chef de la gendarmerie de Pâquis. En effet, ce dernier a révélé que «les jours-amendes sont totalement inefficaces. Et avec le durcissement de la loi dans les pays voisins, la criminalité se rabat sur Genève». La présence des deux policiers algériens constitue, selon Jean-Philippe Brandt, porte-parole de la police genevoise, «une première prise de contact pour une éventuelle collaboration future, mais je ne sais pas dans quel domaine». Cela dit, le porte-parole a assuré que les policiers algériens n'étaient pas là pour procéder à des expulsions, qui sont du ressort de la Confédération et non du canton. En 2006, l'Algérie a signé un accord de réadmission avec la Suisse portant sur le renvoi des personnes en situation irrégulière sur des vols en ligne, à condition qu'elles acceptent de rentrer dans leur pays d'origine. Cet accord est en vigueur depuis le 27 novembre 2007. Confirmation de Riache El Haouès, ambassadeur d'Algérie à Berne. Selon ce dernier «nous avons signé avec la Suisse, en 2006, un accord de réadmission que nous sommes en train de mettre en oeuvre». Les différents obstacles auxquels fait face l'application de l'accord ont incité les autorités des deux pays à envisager d'autres solutions. A ce titre, la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf a indiqué, jeudi dernier, sur les ondes de la Radio romande qu'«une solution a été trouvée et on travaille, encore, à l'améliorer». Dès lors, tout porte à croire que la signature d'un protocole, entre l'Algérie et la Suisse, interviendra dans les prochaines semaines. Ledit protocole porte sur la présence d'une escorte policière algérienne dans les avions. De son côté, l'ambassadeur algérien a tenu à relativiser les chiffres concernant les ressortissants algériens. A ce titre, Riache El-Haouès a rassuré: «Sur les 337 demandes d'identification reçues en 2008 de l'Office fédéral des migrations (ODM), 70 seulement correspondaient à des ressortissants Algériens et que les 35 demandes de laissez-passer soumises par l'ODM ont toutes été satisfaites.» Désappointé, l'ambassadeur a déclaré: «Tous les délinquants non identifiables n'hésitent pas à se déclarer comme algériens.» Ainsi, le diplomate n'a pas manqué de déplorer «une stigmatisation infondée de la communauté algérienne, dont l'écrasante majorité est composée de cadres universitaires parfaitement intégrés». Pour couper court à toute spéculation, l'ambassadeur a démenti les rumeurs faisant état de la volonté d'Alger de conditionner sa collaboration, dans ce dossier, à l'extradition des islamistes algériens réfugiés en Suisse. Sur ce plan, le diplomate a rappelé que l'Algérie a été le premier pays de la rive sud de la Méditerranée a avoir signé un accord de réadmission avec la Suisse.