Fassi Fihri, ministre délégué aux Affaires étrangères, se trompe de pays et de «goulag». Un violent réquisitoire a été dressé par Fassi Fihri, ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, dans une déclaration officielle à la MAP (agence de presse officielle), reprise et largement commentée, comme du pain béni, par la presse de Sa Majesté le roi Mohamed VI. A en croire ce ministre, «l'Algérie assume une lourde responsabilité dans la poursuite des graves violations du droit international humanitaire à l'encontre des membres des forces armées royales détenues sur son territoire». Ces deniers, à en croire la même source, seraient au nombre de 917. Cette attaque tombe tel un cheveu dans la soupe. Elle vise, estiment des sources diplomatiques algériennes, à brouiller les cartes depuis que le ton est monté entre les autorités marocaines et le secrétaire général de l'ONU à propos du respect et de l'application du plan Baker, représentant personnel de Kofi Annan pour le Sahara occidental. Le responsable de l'ONU, tout en reconduisant le mandat de la Minurso pour une durée de trois mois, a menacé le Maroc de saisir de nouveau le Conseil de sécurité dès le début de l'année prochaine si ce dernier continue de refuser de se plier au droit international et aux décisions prises par le Conseil de sécurité. Un coup très dur pour le Maroc. D'autant que pour la première fois, le Polisario a tenu et a achevé son congrès, la semaine passée, en territoires libérés. Accusés de tous les maux, les responsables de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD) avaient réitéré leur attachement à la légalité internationale, à la paix dans la région et à l'application du plan Baker, prévoyant une période de transition de cinq années avec, en bout de course, l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. L'ensemble des observateurs et des Etats membres de l'ONU, si l'on excepte la position «intéressée» de la France, ont compris que le Maroc a opté résolument pour une politique colonialiste et sans issue. Si tel qu'il le prétend, le peuple sahraoui ne souhaite pas se libérer et veut rester dans le giron de Sa Majesté Mohamed VI, pourquoi alors refuser un simple référendum censé conforter le Palais dans ses thèses? C'est sous ce prisme qu'il convient d'aborder ces attaques lancées contre notre pays, alors que chacun sait que les détenus de guerre marocains sont aux mains des troupes du Front polisario et qu'ils sont traités suivant la convention de Genève, comme ont eu à le constater régulièrement les délégations de la Croix-Rouge internationale. C'est pour cette raison que des sources diplomatiques, qui soulignent au passage que cette attaque enterre pour longtemps le processus d'édification de l'UMA, ajoutent que le ministre marocain se trompe de pays puisqu'il aurait été mieux inspiré en parlant des «goulags» marocains, où les soldats et militants sahraouis, mais aussi les sujets marocains, sont détenus dans des conditions inhumaines et avilissantes.