Des dizaines de magistrats ont organisé hier un sit-in au sein de l'Assemblée nationale constituante (ANC) au Bardo, près de Tunis, pour protester contre le retard pris par le gouvernement à appliquer des réformes garantissant l'indépendance de la magistrature. «La révolution ne peut être bien achevée qu'à travers une magistrature indépendante», «Non à la tutelle sur le pouvoir judiciaire», pouvait-on lire sur des grandes banderoles brandies par les manifestants portant des brassards rouges, à l'appel de l'Association des magistrats tunisiens (AMT). «Nous nous adressons au gouvernement et à l'Assemblée constituante pour qu'ils tiennent leurs promesses et pour qu'ils garantissent l'indépendance de la magistrature», a déclaré Ahmed Hamrouni, ancien président le l'AMT. Les magistrats dénoncent notamment «la lenteur non justifiée» dans la promulgation d'une loi portant création d'une instance provisoire indépendante de la magistrature et rejette la tutelle du ministère de la Justice, selon la présidente de l'AMT, Khadija Kanou. Elle avait aussi déploré «la détérioration des conditions de travail dans les tribunaux et la dégradation des conditions matérielles et sociales des magistrats». Selon Mme Kanou, l'AMT rejetait «toute mutation dans le corps des magistrats qui sera décidée en dehors de cette instance» ou «sans concertation» avec les représentants de la profession. Cette association était devenue critique durant les dernières années de règne de Ben Ali qui a fui son pays le 14 janvier 2011 sous la pression d'un soulèvement populaire sans précédent. Plusieurs de ses membres parmi lesquels la présidente actuelle avaient subi des pressions, des sanctions et des mutations disciplinaires.