Les négociations avec les enseignants grévistes n'ont jamais été refusées. L'idée de la médiation proposée au Cnes afin de «trancher» le conflit qui oppose le ministère de l'Education aux deux syndicats grévistes, en l'occurrence le CLA et le Cnapest, ne semble aucunement plaire à la tutelle qui d'emblée rejette cette «alternative» en estimant que le dialogue avec les enseignants grévistes n'a jamais été refusé. «Logiquement, cette médiation n'a pas lieu d'être sachant pertinemment que la tutelle a oeuvré depuis le début de ce conflit à instaurer un dialogue avec les syndicats agréés du secteur et même avec les enseignants grévistes en les pressant de s'organiser en collectif», a fait entendre le responsable de la communication au sein du ministère de l'Education lors d'un entretien téléphonique. Du point de vue officiel, aller vers une médiation signifie qu'un dialogue a été déjà engagé entre la tutelle et le partenaire social et qui n'a pas, en fin de compte, abouti à une solution, «ce qui amènera à faire appel à une tierce partie «neutre» qui pourra éventuellement trouver ce terrain d'entente», explique notre interlocuteur. Et d'ajouter: «Ce n'est pas le cas de ce conflit, quand bien même une situation donnée exigerait l'appel à un médiateur, ce ne serait certainement pas un médiateur qui exprimerait clairement son parti pris à un mouvement jugé illégal», faisant ainsi allusion au Cnes qui a, d'emblée, imposé ses préalables pour pouvoir entamer sa démarche de médiation. «Nous sommes solidaires avec le CLA et le Cnapest en ce qui concerne l'aboutissement de leurs revendications et leur reconnaissance comme étant des véritables partenaires sociaux», insiste de son côté le Cnes. Décidément, ni la médiation ni encore moins les préalables du Cnes ne seront acceptés par la tutelle qui campe sur ses positions en estimant que le CLA et le Cnapest sont dans une situation illégale vis-à-vis de la loi et ne pourront continuer à exercer leurs pressions en prenant comme otage les élèves, et ce, afin de faire céder la tutelle. «Cette proposition de médiation nous pousse à croire que le CLA et le Cnapest sont sous la coupe du Cnes.» Ainsi, notre interlocuteur nous rappelle l'antécédent du Cnes en matière de remous dans le secteur de l'enseignement supérieur. «Ce n'est pas le médiateur conseillé», conclut-il. De son côté, M.Cherbal Farid, membre du Cnes, estime que cette médiation, proposée par «le ministre de l'Enseignement supérieur en personne» ne peut être entamée que lorsque le Cnapest fera sa déclaration publique en donnant son accord de principe. «Pour le moment, nous avons reçu uniquement la déclaration du CLA, nous attendons toujours que le Cnapest nous fasse parvenir sa déclaration pour pouvoir entrer en action», explique M.Cherbal. Par ailleurs, apprend-on de la part de M.Cherbal, le comité des libertés syndicales a demandé le 21 octobre dernier une séance de travail avec le ministre du Travail «afin de lui signifier l'importance de se conformer à la loi 90-14 et de remettre le récépissé du dossier d'agrément au CLA et au Cnapest». Outre cela, l‘Union nationale des enseignants et travailleurs de l'enseignement secondaire et technique, affiliée au Snapap, nous a fait parvenir un communiqué à travers lequel elle invite «les représentants légaux des grévistes» à faire connaître leur réponse concernant leur adhésion à la commission nationale censée dialoguer avec la tutelle tel qu'il a été convenu lors de leur réunion le 26 octobre dernier avec M.Benbouzid. «Cette commission, indique-t-on dans le communiqué, permettra de déjouer les ruses qui oeuvrent à casser la volonté de l'enseignant, à faire aboutir ses doléances et l'entraîner dans une spirale de conflits politiques dont il n'a que faire.»