Le conflit entre le ministre de l'Education et les enseignants, qui a connu une pause cet été, ne semble pas trouver d'issue. Toutes les initiatives prises dans le sens de l'apaisement ont échoué. Retour sur 6 mois d'un dialogue de sourd. Jamais dans l'histoire de l'éducation nationale, une grève d'enseignant n'a duré aussi longtemps que celle qui touche actuellement la majorité des lycées du pays. Hier, le Conseil des lycées d'Alger a décidé de reconduire le débrayage du 2 au 7 novembre. Les enseignants conditionnent leur retour aux classes par la satisfaction de leurs revendications : la revalorisation de leurs salaires à 100%, un statut particulier pour le professeur du secondaire ainsi que le droit à la retraite après 25 ans de service. Le ministre de l'éducation, de son côté, quand il n'affiche pas son mépris pour les principaux syndicats grévistes (Cnapest et Cla), évoque l'incapacité des pouvoirs publics à donner suite aux doléances des enseignants. Une escalade soigneusementent retenue La grogne des professeurs du secondaire et technique, qui a vu une reprise massive, le 27 septembre, date de la rentrée scolaire, aurait pu être réglée dès les premiers jours, si le problème des enseignants avait été pris à bras le corps, par les différentes parties en conflit. Ce débrayage prend, aujourd'hui, de l'ampleur et paralyse le palier du secondaire. Rappelons que cette action s'inscrit dans la série du mouvement de contestation entamée en mai dernier, puis interrompue à cause du tremblement de terre qui a secoué les deux wilayas d'Alger et Boumerdès. Au fil des mois, le conflit le plus tendu qui s'est installé entre le Cla, le Cnapest d'une part et le ministère de l'éducation nationale d'autre part, n'a manqué aucune occasion de se durcir. Le ministère refuse de reconnaître la “légitimité” des deux organisations, et exclut toute tentative de dialogue en dehors des syndicats légalement reconnus, notamment ceux qui sont affiliés à l'UGTA, à l'exemple de la FNTE et de l'UNPEF. En réponse à la fermeté de M. Benbouzid, les enseignants grévistes prennent la décision de faire de la journée du 5 octobre (journée mondiale des enseignants) une “journée de la dignité”. C'est ainsi qu'une batterie d'actions a été décidée par les professeurs. Le jour même, deux sit-in ont été organisés par les contestataires, l'un au lycée El-Idrissi et l'autre devant le Palais du gouvernement, où ces derniers ont été réprimés et dont 11 professeurs ont été embarqués. La tension, depuis, ne cesse de grandir et les enseignants expriment leur colère au moyen de grèves cycliques. Face à ce mouvement de protestation qui touche tout le pays, le ministre menace : “La loi sera appliquée dans toute sa rigueur.” Une instruction est adressée aux chefs des académies afin d'exécuter les décisions du ministère. Outre les ponctions sur salaires, les suspensions des enseignants, la tutelle n'exclut pas de recourir à des mesures extrêmes, allant jusqu'aux licenciements et aux poursuites judiciaires. De leur côté, les grévistes décident d'entamer, début octobre, une grève ouverte jusqu'à la levée des sanctions et l'aboutissement de leurs revendications. En dépit de la forte adhésion des enseignants au mouvement de grève, le ministre campe sur ses décisions et préfère ouvrir le dialogue avec des structures affiliées à l'UGTA, en l'occurrence l'Unpef et la FNTE. La diversion Une rencontre entre ces deux syndicats et le ministère pour débattre des problèmes socioprofessionnels des enseignants du secondaire, a lieu le 22 octobre, à l'hôtel Sable d'Or (Zéralda). En réponse à leurs doléances, le ministre a promis la mise sur pied d'un groupe de travail qui prendra en charge leurs problèmes. Le lendemain, le responsable de l'éducation nationale a décidé de lever toutes les sanctions, ainsi que les procédures judiciaires à l'occasion du mois sacré de ramadan. Les deux Conseils refusent la médiation de l'intersyndicale et rejettent la grâce du ministère. Pour tenter de dénouer ce conflit, le ministre de l'enseignement supérieur, M. Harraoubia sollicite le CNES comme médiateur. Cette décision a eu l'avis favorable des deux Conseils. Dernier rebondissement, le département de Benbouzid refuse la proposition du CNES, estimant que celui-ci est partie prenante dans ce conflit. “Nous réaffirmons notre attachement à la démarche de médiation du CNES, comme possibilité de règlement du conflit. Par ailleurs, nous appelons les pouvoirs publics à l'ouverture de négociations”, a déclaré M. Osmane, hier, lors du rassemblement. N. A.