Un an jour pour jour après la mort de Ben Laden, les taliban afghans ont attaqué hier une résidence occupée par des étrangers près de Kaboul et annoncé le lancement d'une grande offensive, défiant les Américains juste après une visite sur place du président Barack Obama. Lors de son court passage de nuit, M.Obama a signé avec son homologue Hamid Karzaï un accord encadrant les conditions d'une présence de soldats américains en Afghanistan jusqu'en 2024, aussitôt jugé «illégitime» par les taliban. Peu après le départ de M.Obama, les rebelles, chassés du pouvoir par les Américains à la fin 2001 car ils avaient refusé de leur livrer leur allié Ben Laden, avaient de nouveau mené une attaque meurtrière dans la région de Kaboul, montrant une fois de plus leur capacité à frapper dans une zone censée sécurisée, moins de deux ans avant le retrait prévu des troupes de combat de l'Otan du pays. L'attaque a été lancée à l'aube par des rebelles cachés sous des burqas qui ont fait exploser une voiture piégée devant un complexe sécurisé où logent notamment des employés de l'ONU, de l'Union européenne et d'ONG, avant d'attaquer ses gardes. Selon le ministère afghan de l'Intérieur, sept personnes, dont un garde, ont été tués. Au moins six de ces victimes sont afghanes, a-t-il précisé. L'attaque a également blessé 18 personnes, dont huit ont été emmenées à l'hôpital, selon le ministère de la Santé. Dans la matinée, la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf) a annoncé que l'assaut avait pris fin et que tous les assaillants - trois selon le ministère de l'Intérieur - avaient été tués. Les taliban ont revendiqué l'assaut, affirmant avoir ainsi voulu répondre à la visite éclair de Barack Obama. Ils ont ensuite annoncé le lancement à partir de jeudi leur traditionnelle «offensive de printemps» à travers l'Afghanistan contre les forces de l'Otan qui soutiennent le gouvernement de Kaboul et tous leurs alliés. L'opération «Al-Farouq» visera en premier lieu les «envahisseurs étrangers, leurs conseillers, leurs sous-traitants et tous ceux qui les aident militairement et par le renseignement», ont-ils annoncé sur l'un de leur site Internet. Lors de sa visite de six heures, M.Obama, qui brigue un second mandat de quatre ans, s'est surtout présenté devant ses compatriotes comme un commandant en chef capable de mettre fin à cet interminable conflit, en se gardant toutefois de s'engager sur une date. Dans un discours aux soldats retransmis en direct par les télévisions américaine de la base aérienne américaine de Bagram, près de Kaboul, M.Obama a promis «un nouveau jour» à ses compatriotes, affirmant que vaincre Al Qaîda était «désormais à (la) portée» des Etats-Unis. Les taliban mènent depuis dix ans une tenace rébellion contre le gouvernement pro-occidental de Kaboul et son allié de la force internationale de l'Otan (Isaf). Cette dernière, dirigée par les Etats-Unis et composée à plus des deux tiers de soldats américains, compte également des contingents d'une quarantaine de pays et prévoit de retirer toutes ses troupes de combat du pays d'ici la fin 2014, laissant craindre une future guerre civile par la suite.