Les talibans ont juré hier de venger le massacre de 16 civils afghans, dont des femmes et des enfants, perpétré la veille par un soldat américain dans le sud, un drame qui provoque une nouvelle crise dans les fragiles relations entre Washington et Kaboul. Dimanche avant l'aube, un militaire du contingent américain de la force internationale de l'Otan (Isaf) avait quitté sa base de la province de Kandahar, un bastion taliban. Lourdement armé, il avait abattu les occupants de trois maisons de villages alentours, dont neuf enfants et trois femmes, avant de brûler leurs corps, selon des sources afghanes et occidentales. Les talibans, chassés du pouvoir à la fin 2001, par une coalition internationale menée par les Etats-Unis, et qui combattent depuis le gouvernement de Kaboul et l'Isaf, ont réagi au massacre dans un communiqué posté hier matin, sur un de leurs sites internet. Les rebelles, que Washington et ses alliés de l'Otan continuent à combattre tout en tentant de les amener à négocier la paix, y annoncent qu'ils “se vengeront” de “chacun des morts” tués par “les sauvages malades mentaux américains”. “La majeure partie des victimes sont des enfants innocents, des femmes et des vieillards”, ajoutent-ils. Après avoir commis le massacre, le soldat américain serait rentré à sa base, où il serait actuellement détenu. L'Isaf n'a pour l'instant donné aucune indication quant aux motivations du soldat meurtrier. Le parlement afghan a demandé hier à Washington de faire en sorte que le ou les coupables du massacre soient jugés publiquement en Afghanistan. L'ambassade américaine a Kaboul, a de son côté invité ses ressortissants à redoubler de précautions dans les prochains jours en raison du risque de “manifestations anti-américaines, notamment dans l'est et le sud”. Au moins 30 personnes avaient péri dans les émeutes provoquées par l'incinération des Corans à Bagram, et six militaires américains avaient été abattus par leurs collègues afghans dans la semaine qui avait suivi. Dimanche, le Président afghan Hamid Karzaï avait dénoncé “un assassinat et d'une action impardonnable” et demandé “des explications” à Washington. Déplorant un drame “tragique et consternant”, le Président américain Barack Obama s'est engagé auprès de M. Karzaï à “faire rendre des comptes à toute personne ayant une responsabilité” dans ce bain de sang. Ce nouveau drame risque de compliquer encore plus les difficiles négociations en cours entre Washington et Kaboul, qui tentent de s'accorder les conditions d'un partenariat stratégique de long terme. Cet accord définit notamment les modalités de la présence américaine en Afghanistan après 2014, date à laquelle l'Otan prévoit retirertoutes ses troupes de combats, et notamment l'éventuel établissement de bases permanentes, un sujet sensible dans un pays historiquement allergique à toute présence militaire étrangère prolongée. R. I. /Agences