Malgré que la Grèce soit au bord de la faillite et menacée de sortie de l'euro, les principaux partis du pays ne parviennent pas à s'accorder sur la constitution d'un gouvernement de coalition. La Grèce se dirigeait hier, sauf surprise, vers de nouvelles élections, suspendue à une ultime réunion des dirigeants des partis pour tenter de former une coalition afin de surmonter la crise qui menace le pays de faillite et d'une sortie de l'euro, et qui secoue toute l'Europe. Après un week-end de rencontres tous azimuts entre les dirigeants de tous les partis entrés au parlement lors des législatives du 6 mai et le président de la République Carolos Papoulias, ce dernier va de nouveau s'efforcer à 16h30 GMT (hier) d'arracher «un consensus national» avant la décision de convoquer de nouvelles élections, qui selon la Constitution, devraient alors avoir lieu dans un mois. Cette rencontre intervient alors que l'incertitude en Grèce, et la situation en Espagne, seront une nouvelle fois à l'ordre du jour dans l'après-midi de la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles. Reflétant ces inquiétudes, les bourses européennes ont rouvert à la baisse hier à la suite d'une semaine difficile, au cours de laquelle les dirigeants européens ont de nouveau agité le spectre de la sortie du pays de l'euro. Hier, le premier avertissement est arrivé de Berlin, première économie européenne, qui prône la discipline budgétaire. Athènes doit respecter son engagement de poursuivre la rigueur et les partis grecs doivent s'efforcer «d'unir leurs forces pour constituer une majorité pérenne, un gouvernement pérenne», a déclaré le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert. La Une hier de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, de sensibilité de centre-gauche, fait également l'écho des inquiétudes de la zone euro: «Akropolis Adieu» sur l'illustration d'un temple grec délabré et des débris d'une pièce d'un euro. L'hebdomadaire britannique The Economist titrait lui sur «le talon d'Achille» de l'Europe, également sur fond de temple grec. La Commission a cherché à tempérer ce climat lourd. «Nous espérons que la Grèce restera dans l'euro (...) mais il est évidemment important que le pays respecte les engagements qu'il a pris», a insisté une porte-parole, Pia Ahrenkilde. Mais en Grèce, les espoirs s'amenuisent. M.Papoulias doit réunir autour de la table lundi soir Antonis Samaras, dirigeant de la Nouvelle-Démocratie (droite), arrivé en tête du scrutin le 6 mai, mais sans majorité, Evangélos Vénizélos (socialiste, Pasok) arrivé troisième et Fotis Kouvelis, chef du petit parti Gauche démocratique (Dimar), dernier du scrutin avec 6,1% des voix. Les trois dirigeants, dont les partis regroupés ont la majorité des sièges au parlement grec, soit 168 sur 300, sont «en principe» d'accord pour la formation d'un gouvernement «oecuménique», mais jusqu'à présent M.Kouvelis met comme condition sine qua non pour y consentir, la participation de la Gauche radicale, Syriza, arrivée deuxième aux élections, mais qui, elle, s'oppose toujours à cette coalition. Ce qui fait qu' «aucun gouvernement d'unité ne peut voir le jour», a anticipé hier ce dernier sur la télévision privée Antenna. «Un gouvernement sans le Syriza n'aura pas le soutien nécessaire du peuple», souligne M.Kouvelis, ancien cadre du Syriza qui s'en est écarté en 2010 pour former Dimar, plus européen. Il se retrouve en position de pivot, assis entre deux chaises, entre les socialistes pro-euro et le Syriza qui refuse le mémorandum d'accord avec l'Europe renforçant la politique d'austérité. Affirmant être pro-européens, la Nouvelle-Démocratie, le Pasok et Dimar voudraient mettre sur pied un gouvernement «de deux ans» ayant pour but la renégociation et l'allègement des mesures de rigueur imposées depuis 2010 par les bailleurs de fonds du pays, UE et FMI, et fortement contestées lors du scrutin du 6 mai.