Les dernières initiatives du royaume chérifien ont surtout un effet de diversion. En tentant de concéder certains espaces de liberté aux femmes et aux formations islamistes «modérées», le roi du Maroc tente de séduire l'Occident qui n'a cessé de lui taper sur les doigts depuis des lustres. La diplomatie de Rabat qui a essuyé un échec cuisant sur le plan du dossier du Sahara occidental ne pouvait rebondir que grâce à une campagne de charme à l'adresse de l'Europe et des Etats-Unis, orchestrée par le palais via des associations-relais prête à servir la cause de sa majesté. Curieusement, c'est au moment où le Maroc se faisait tancer pour les procès expéditifs organisés pour juger les accusés des attentats de Casablanca et qualifiés de véritables atteintes aux droits de l'Homme, que Mohamed VI annonçait des réformes du code de la famille, en abrogeant certaines dispositions jugées rétrogrades et infâmantes. Cette décision ne constitue ni plus ni moins qu'une façon pour le Palais de démontrer à ses alliés occidentaux qu'il a engagé des réformes de refondation de la société marocaine. Elles constituent aussi des gages de bonne volonté du Palais de combattre les idées qui ont constitué le terreau des courants islamistes purs et durs qui ont intégré l'Internationale terroriste. En modernisant certaines dispositions de son code de la famille, le Maroc tente d'apporter la preuve de sa bonne foi dans la guerre contre le terrorisme international. Ces gages, le Palais royal voudrait les utiliser pour tenter d'influer sur le cours du processus de règlement du problème du Sahara occidental. En rejetant la dernière mouture du plan de règlement onusien, une version revue et corrigée du plan de James Baker, le Maroc opte pour la politique du donnant-donnant, une façon de mettre les Européens membres du Conseil de sécurité et les Etats-Unis, devant leurs responsabilités en les obligeant à épouser ses thèses en matière de règlement de ce conflit qui date depuis 1975. Les services du roi du Maroc ont repris leur travail de sape à l'endroit de l'Algérie en exhumant le dossier des prisonniers marocains détenus par le Front polisario. Récemment à Paris, l'association marocaine Synergie a organisé un colloque sur le thème : la femme marocaine des provinces du Sud, ses aspirations, ses droits et ses obligations. Cet ordre du jour somme toute banale a été l'occasion pour les animateurs de la rencontre de discourir longuement sur les conditions de vie des détenus marocains dans les camps de concentration installés au sud-ouest algérien. une pétition exigeant la libération des détenus et l'ouverture de négociations bilatérale avec l'Algérie a été adoptée et rendue publique. Le forcing du Palais pour expédier le dossier du problème du Sahara occidental avant le mois de novembre 2004, date des prochaines présidentielles américaines, explique les petites concessions de décolonisation en faisant croire que les réformes sur le plan social qu'il compte engager rentrent dans ce cadre. Or, toute la différence est là : la réforme du code de la famille au Maroc n'influe en rien sur le règlement du problème du Sahara occidental, qu'on se le dise.