Les terroristes, jugés jeudi dernier, envisageaient des enlèvements d'étrangers, en particulier les ouvriers en charge de la réalisation du tramway d'Oran, en vue d'exiger une rançon. Le chef d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), Mokhtar Belmokhtar allias Belaouar, actuellement en fuite et poursuivi pour plusieurs chefs d'inculpation liés au terrorisme, a été jugé et condamné à la perpétuité. Le verdict a été rendu jeudi dernier par le tribunal criminel d'Oran et ce, à l'issue du procès des neuf membres de la phalange terroriste Tawfiq. En tout, neuf terroristes, dont quatre en fuite, y compris Mokhtar Belmokhtar, ont été jugés. Alors que Mokhtar Belmokhtar a été condamné à la prison à vie, ses trois complices, toujours en cavale, ont écopé de 20 années de prison ferme. Dans le box des accusés, cinq autres personnes, toutes originaires de la wilaya d'Oran, étaient présentes à leur procès à l'issue duquel quatre d'entre eux ont été condamnés à huit années de réclusion criminelle et le cinquième a été acquitté, faute de preuves. L'avocat général n'a pas été tendre dans son plaidoyer en requérant des peines de 20 ans de prison ferme contre quatre mis en cause et 10 ans contre le cinquième. Tout en enfonçant les mis en cause, le représentant du ministère public ajoutera que «des preuves palpables accablent tous les accusés qui ont, à chacune des étapes de l'enquête, reconnu les faits qui leur sont reprochés». Le procès a tenu en haleine tous les présents. L'affaire n'est pas aussi simple puisqu'elle porte le sceau du terrorisme, se basant exclusivement sur les enlèvements et kidnappings sur des étrangers en vue d'exiger le paiement des rançons. Telles ont été les charges consignées dans le document d'accusation accablant la phalange Tawfiq d'Oran et l'Aqmi de Belmokhtar. Les mis en cause visaient l'enlèvement d'étrangers, plus précisément des ouvriers en charge de la réalisation du tramway. Les prévenus ont même effectué un déplacement au Mali en vue de bénéficier d'une formation dans les rapts. La formation a été assurée dans les camps de Mokhtar Belmokhtar, au Mali. Ce n'est pas tout, puisqu'un autre accusé, arrêté, est déjà passé à l'action en louant un appartement à Oran en vue de le transformer en lieu devant abriter les victimes enlevées. Devant la barre, tous les mis en cause se sont rétractés quant à leurs premières déclarations, niant tous les faits qui leur sont reprochés en expliquant que les confessions faites lors de l'enquête ont été arrachées par les enquêteurs sous l'effet de la torture. La genèse de l'affaire remonte au mois d'avril 2001 et ce, suite aux informations parvenues aux enquêteurs. Dans leurs investigations, les services concernés sont parvenus à remonter la filière terroriste dont les ramifications s'étendent d'Oran jusqu'au plus haut sommet de l'organisation terroriste de Aqmi, Mokhtar Belmokhtar. Ce dernier, qui est de nationalité algérienne, cumule plusieurs jugements et condamnations dont plusieurs sont à perpétuité et d'autres à la peine capitale. Il a été jugé par contumace par plusieurs tribunaux criminels algériens pour actes terroristes, attentats et enlèvements. Mokhtar Belmokhtar a, dans un entretien édité en novembre par une agence privée mauritanienne, affirmé que «son organisation avait acquis des armes libyennes durant les combats qui ont abouti au renversement de Mouamar El Gueddafi et son régime en 2011». L'organisation qu'il guide, Aqmi, est spécialisée dans les enlèvements des Occidentaux. Elle trouve comme terrain d'opération la vaste zone qui englobe plusieurs pays du Sahel, en l'occurrence le Niger, l'Algérie, la Mauritanie et le Mali.