Les deux chefs terroristes, Hassan Hattab et Mokhtar Belmokhtar, alias « Belaouar », en fuite, ont été condamnés par contumace à 20 ans de prison ferme dans une affaire jugée jeudi dernier par le tribunal criminel d'Alger. Le procès a concerné également deux autres terroristes, à savoir Hassan Allane, en fuite au Mali, et Ghrika Noureddine, 37 ans, chargé de l'information au sein du groupe de Belmokhtar. Le premier a écopé, lui aussi, de 20 ans de prison ferme, tandis que le second a été condamné à 15 ans. Le parquet avait requis la perpétuité contre les quatre accusés, dont les trois en fuite font l'objet d'un mandat d'arrêt. « BENEFICIER DE LA CHARTE » Hassan Hattab (ancien émir national du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), organisation terroriste devenue maintenant la branche d'Al Qaïda au Maghreb), Mokhtar Belmokhtar – émir de la 9e région (le Sud) – et leurs deux auxiliaires se sont rendus coupables de crimes passibles de la peine de mort. Quatre chefs d'inculpation ont été retenus contre eux par la chambre d'accusation, à savoir création et appartenance à un groupe terroriste activant à l'étranger, assassinats, trafic et importation d'armes interdites de l'étranger et enlèvement de ressortissants étrangers. Les avocats de l'accusé Noureddine Ghrika, Me Mustapha Bouchachi et Me Abdelhamid Mellouche, ont demandé au tribunal de donner son accord pour que leur mandant puisse bénéficier des mesures de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ce qu'a d'ailleurs demandé l'accusé à la juge comme son « ultime souhait ». Ghrika Noureddine, arrêté au Tchad et livré avec un autre terroriste dénommé Kamel Jermane, en juillet 2004, aux autorités algériennes, a avoué, devant le juge de l'instruction comme en audience, avoir servi sous les ordres de Mokhtar Belmokhtar de 1993 à 2004 et être parti plusieurs fois au Mali en compagnie de son chef pour acheter des armes et des munitions qui ont été utilisées par la suite pour semer la mort dans le Sud et l'extrême Sud. Clamant n'avoir jamais participé à des attaques terroristes, Ghrika Noureddine a justifié sa décision d'intégrer le groupe de Belmokhtar par des « circonstances atténuantes ». Lesquelles ? « Depuis le retour au pays de mon frère Ibrahim de l'Afghanistan, au début des années 1990, et sa participation à des actes terroristes en 1993 qui ont coûté la vie à 13 policiers à Ghardaïa, je subissais des interrogatoires interminables des services de sécurité. Au fil des jours, la situation est devenue insupportable. J'avais peur de subir les pires traitements et je suis monté au maquis », a-t-il lâché comme pour dire qu'il n'avait pas rejoint le groupe du sinistre Belmokhtar par « conviction », mais par contrainte. Il avait ainsi adhéré la première fois à Katibat Echahada, activant au Sud. Depuis, l'accusé activait dans la région de Djebel Boukhil, situé entre Djelfa et M'sila, sous les ordres de l'émir du groupe terroriste Mokhtar Belmokhtar. Il a avoué ainsi que ce groupe avait commis plusieurs actes terroristes, dont l'assassinat d'un policier devant son domicile à Théniet El Makhzen, à Ghardaïa, et le vol de son arme et de plusieurs véhicules appartenant à des entreprises publiques installées dans la même région. Armes achetées du Mali Ces véhicules sont ensuite directement acheminés de l'autre côté de la frontière sud pour être vendus au Mali. L'argent des voitures volées a été utilisé pour l'achat d'armes et de munitions de guerre, telles que des kalachnikovs et des RPG 7. L'inculpé a reconnu que les membres de son groupe terroriste avaient attaqué, en 1996, la société Anabib de Ghardaïa, tuant cinq employés étrangers et plusieurs militaires. Comme ils ont commis un autre acte terroriste contre une société relevant de la compagnie Sonatrach, où ils avaient volé cinq voitures qui ont été vendues par la suite au Mali. L'arrêt de renvoi confirme la participation du prévenu à un faux barrage qui s'est soldé par l'assassinat de deux policiers et de cinq civils ainsi qu'à une embuscade dans la région de Meqsam à El Meniaa, tendue à une patrouille des douanes dont les armes, les véhicules et les tenues ont été volés. Ghrika, chargé de la communication à l'intérieur du groupe, est impliqué dans un guet-apens tendu à une autre patrouille des douanes, suite à laquelle le groupe terroriste s'est emparé de six pistolets mitrailleurs, cinq pistolets automatiques et trois véhicules. Noureddine Ghrika a en outre raconté comment Amari Saïfi, alias Abderrazak El Para, a été aidé par le groupe de Mokhtar Belmokhtar pour percevoir au Mali une rançon 5 millions d'euros versée par le gouvernement allemand, contre la libération des 15 touristes allemands enlevés en 2003 dans le Sud algérien. Le partage de la rançon La rançon a été partagée, selon lui, entre les deux chefs de groupe, à savoir El Para et Belmokhtar. D'après ses aveux, Amar Saïfi a opéré seul l'enlèvement, sollicitant, une fois au Mali, l'aide du groupe Belmokhtar pour « entrer en contact avec les autorités allemandes ». Cela a été rendu possible grâce à un chef de tribu du Mali qui a contacté les autorités de Bamako, lesquelles ont transmis le message aux Allemands. Ghrika a indiqué que les contacts entre le GSPC et la nébuleuse Al Qaïda ont commencé en 2001, lorsque Belmokhtar avait reçu deux éléments de cette organisation transnationale, envoyés par Hassan Hattab. Mais il a reconnu que l'idée d'intégrer cette organisation était latente. Outre ce procès, la cour criminelle d'Alger a jugé cinq autres affaires terroristes dans la journée de jeudi dernier et a condamné par contumace 14 autres inculpés à la peine capitale.