Il avait autrefois un sens qu'il tend à perdre de nos jours. En Kabylie, ou au fond des Aurès, les femmes d'antan se tatouaient le visage, le cou, les bras et certaines parties du corps. Pour les unes, le tatouage représentait une forme de protection magique. Ainsi «El-Boudja» est un tatouage vertical tracé entre les yeux, «El-Ouarda» est un dessin en forme de bracelet tracé avec raffinement autour du poignet, ou encore «Khatem Slimania» (bague de Salomon) qui représente un anneau magique autour du doigt pour exaucer voeux et désirs et protéger contre le mauvais oeil, et les mauvais génies. Il est généralement tatoué sur le dos de la main, sur le menton, ou entre les épaules. Il existe encore des tatouages sur la partie inférieure de la main ou sur le poignet qui favorisent la montée de lait pour celles qui allaitent. Il faut pour cela que les femmes qui viennent d'accoucher se frottent aussitôt les seins contre ce tatouage. «La siala» tatouage du menton, appelé aussi «Tesnida», de Lala Fatima Zohra, est consacré à la fille de Prophète. Ainsi de nombreuses femmes sont-elles convaincues que la tatouage caractérise les musulmanes et les distingue des autres femmes. Ce qui est une erreur, car cette pratique anté-islamique a été interdite par le Prophète Lui-même. La technique du tatouage consiste à mettre sur le peau du bleu de blanchisseuse (E'nnila) réduit en poudre très fine, et de la suie de blé ergoté. On pique légèrement la peau avec une aiguille, en suivant le dessin tracé au préalable, et lorsque le sang apparaît, on essuie la surface tatouée, et on passe la poudre choisie. La forme des dessins est toujours géométrique: cercle, carré, etc. Toute figuration a été interdite par la Prophète. La pratique du tatouage si répandue dans les régions rurales tend à disparaître de nos jours. Cette coutume très prisée autrefois et accompagnée d'une petite cérémonie est aujourd'hui rejetée par de nombreuses femmes. Et s'il vous arrive de rencontrer quand même des femmes tatouées, remarquez que les motifs sont très simples et beaucoup moins chargés qu'il y a quelques années. Il existe par ailleurs une technique de dessin sur la peau en utilisant le «hargus» (mélange d'encens, de goudron, de noix de galle, de sulfate, de cuivre, le tout parfumé à l'eau de rose ou parfois au safran). Ces ornements de couleur noir au lieu du bleu-vert des véritables tatouages ne durent qu'une semaine. Il s'agit d'une parure de fête et de séduction. Cependant, il existe actuellement des méthodes plus modernes pour les tatouages durables: aiguille électrique, bistouri, laser... Ces méthodes sont utilisées sous anesthésie locale par un chirurgien ou un spécialiste de la chirurgie esthétique. Ces tatouages modernes sont appréciés par les stars, et certains clans, qui pour marquer leur tendance, ou leur appartenance, se font tatouer sur les bras, les épaules ou le thorax. Armes de combat, symboles de guerre, dragons, étoiles, ou tout autre forme caractérisant les penchants de la personne ou du groupe. Le tatouage s'il est avant tout un art millénaire, tiré des fins-fonds des siècles et de l'histoire de l'humanité, demeure néanmoins un mythe et une séduction.