Le tatouage est une pratique répandue en Afrique du Nord depuis la nuit des temps. Relique, donc, de périodes très anciennes, il était souvent assimilé à de la magie et à des croyances souvent païennes. Mais la fonction sociale de cette pratique qui consiste à se piquer une partie du corps avec un objet métallique aiguisé et introduire une substance colorée sous l'épiderme, a évolué avec les siècles passant d'un rituel magique et totémique à une forme d'esthétique et d'ornement. En Algérie, le point, la croix, la fleur de lys et la mouche sont les signes les plus usités. Jadis, les individus issus d'une même tribu ou ayant les mêmes habitudes ou partageant les mêmes goûts portaient le même tatouage. Durant la période coloniale, il est tout simplement devenu symbole de la résistance et des souffrances endurées du fait de la présence de l'occupant. Les Berbères du Maroc, par exemple, l'appellent agzdur, qui signifie dans leur dialecte «fait de se lacérer les joues en se lamentant, signe de deuil chez les femmes». Ainsi, la femme se tatouait le menton d'une oreille à l'autre, pour imiter la barbe de l'époux disparu. Si elle assistait à l'emprisonnement de son mari, elle reproduisait sur ses poignets l'image des menottes. Enfin, celles qui étaient réduites à travailler de force dans les campements militaires se faisaient reproduire des chaînes aux chevilles, pour extérioriser leur refus de se soumettre. Avec l'évolution de sa fonction, le tatouage a fini par cohabiter avec les autres rites introduits avec l'avènement de l'Islam qui condamne, pourtant, fermement toute pratique évoquant la magie ou la sorcellerie. La religion musulmane préconise plutôt, l'usage du henné qui est considéré comme «l'un des arbres du paradis pour l'ensemble du monde musulman». Il est, de ce fait, incontournable dans de nombreuses cérémonies dont notamment celles du mariage et de la circoncision.