Vingt années de prison ferme assortis d'une amende de 1 million de DA ont été requises par le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed (Alger) contre un ex- cadre dirigeant d'Algérie Télécom, Mohamed Boukhari, accusé de transactions douteuses et blanchiment d'argent au préjudice d'Algérie Télécom entre 2003 et 2006. La même peine a été requise contre l'homme d'affaires, Chami Majdoub, de nationalité algéro-luxembourgeoise pour les mêmes chefs d'inculpation. Le procureur de la République a aussi requis 10 années de prison ferme assorties d'une amende de 1 million de DA contre trois cadres de deux sociétés chinoises, ZTE Algérie et Huawei Algérie, à savoir Dong Tao, Chen Zhibo et Xiao Chuhfa, tous les trois actuellement en fuite, et qui font l'objet de mandats d'arrêt internationaux. En ce qui concerne les personnes morales qui sont les deux sociétés chinoises ZTE Algérie et Huawei Algérie, le ministère public a requis une amende de cinq millions de DA chacune. Les accusés sont poursuivis, notamment pour corruption, blanchiment d'argent et trafic d'influence. Pour ce qui est de la défense des accusés, elle a requis de faire bénéficier leurs clients de l'extinction de l'action publique à cause de la prescription des faits de l'affaire qui remonte à l'année 2003. Me Lemiti Lyès, avocat de Boukhari, a expliqué dans ce cadre, que les faits de cette affaire ont eu lieu avant l'émission de l'article 8 bis de la loi 04-14 datée du 10 novembre 2004 qui considère les infractions liées à la corruption, «imprescriptibles». «L'article qui doit être appliqué dans ce cadre est l'article 8 du Code de procédure pénale qui prescrit les délits après une durée de trois années», explique-t-il, ajoutant que les faits ont été commis en 2003 avant l'émission de la loi contre la corruption qui est parue en 2006. Lors de l'audition de Mohamed Boukhari, il a reconnu à l'audience avoir perçu 10 millions de dollars en contrepartie des consultations qu'il faisait au profit des deux sociétés chinoises ZTE Algérie et Huawei Algérie concernant les perspectives économiques en Algérie bien qu'il était en même temps cadre dirigeant à Algérie Télécom. Chami Majdoub a également reconnu avoir ouvert les comptes des deux sociétés «off shore» de consultation appartenant à Boukhari, niant toutefois sa relation avec les marchés obtenus par les deux sociétés chinoises avec Algérie Télécom. L'instruction a ainsi permis de révéler que Mohamed Boukhari et Chami Majdoub avaient perçu des pots-de-vin à l'étranger (Luxembourg) en relation avec des transactions douteuses (en matière de télécommunications et d'Internet) conclues par Algérie Télécom et les deux sociétés chinoises ZTE Algérie et Huawei Algérie. Les sociétés ZTE Algérie et Huawei Algérie avaient versé, en contrepartie de ces transactions avec Algérie Télécom, des «commissions» au profit de deux sociétés de consulting appartenant à Boukhari et Chami dans des comptes «off shore» ouverts au Luxembourg.