Dernier chef de gouvernement de Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq est, comme l'ancien président auquel il aspire à succéder, un pur produit du système politico-militaire égyptien. Il sera confronté au second tour de la présidentielle à l'islamiste Mohamed Morsi. A l'instar de Morsi, «roue de secours» des Frères musulmans au scrutin présidentiel, Amed Chafiq est un «miraculé» du système égyptien sortant, échappant à la «purge» des anciens du système Moubarak, en étant rétabli in extremis dans la course à la présidence. Il avait alors donné un coup d'accélérateur à sa campagne, affichant d'énormes portraits de lui, léger sourire aux lèvres, costume et lunettes fines. Ce forcing semble avoir été payant puisque l'ancien général se retrouvera en face de Mohamed Morsi pour la «finale» les 16 et 17 juin prochain Réputé bon technicien, M.Chafiq, 70 ans, fut nommé Premier ministre dans les derniers jours au pouvoir de M.Moubarak pour tenter d'apaiser la révolte populaire qui finit par renverser le chef de l'Etat le 11 février 2011. Mais critiqué pour sa proximité avec l'ancien régime et pour avoir gardé de nombreux ministres de l'ex-raïs dans son cabinet, il dut démissionner environ un mois plus tard, à la satisfaction des mouvements de jeunes ayant lancé la révolte. Ancien pilote, comme M.Moubarak, il est diplômé de l'Académie de l'aviation militaire. Il se targue de succès militaires - son équipe de campagne s'est récemment vantée qu'il avait abattu deux avions israéliens lors de l'une des guerres contre l'Etat hébreu - mais aussi civils. Il se prévaut ainsi d'avoir modernisé la compagnie nationale Egyptair et l'aéroport international du Caire. Dans un pays où tous les présidents sont venus de l'armée depuis la chute de la monarchie en 1952, le général Chafiq se dit «fier et honoré» d'être «un fils des forces armées». Il estime que son passé militaire, en permettant une relation «fluide» avec l'armée, sera un atout en cette période de transition. Mais cela pourrait également le désavantager auprès de la frange de la population qui veut voir une claire démarcation entre la magistrature suprême et l'armée. M.Chafiq vante sa «longue expérience» et assure accepter la critique, mais il a pu se montrer autoritaire et impatient dans certaines interviews télévisées. A ceux qui l'accusent d'être un «fouloul» - le terme péjoratif utilisé par les Egyptiens pour décrire les revenants de l'ancien régime - il répond n'avoir été «que l'une des (personnes) choisies à des postes vitaux». «Qui dit que je n'ai pas été opposant au régime Moubarak?», a-t-il récemment lancé, en affirmant s'être opposé à de nombreuses décisions prises par le régime et en estimant avoir été plus utile à son pays en travaillant de l'intérieur qu'en démissionnant. M.Chafiq a fait de la sécurité et de la lutte contre le crime son cheval de bataille. S'il était élu, il s'est dit prêt à nommer un vice-président islamiste, qu'il soit Frère musulman ou salafiste. Il est veuf et père de trois filles.