Les quatre principaux candidats s'affrontent aujourd'hui pour décrocher la magistrature suprême Les Egyptiens sont donc conviés, aujourd'hui et demain, a élire leur nouveau président qui doit entamer une rupture avec l'ancien régime incarné par Moubarak. La campagne pour la présidentielle égyptienne s'est officiellement achevée lundi. 13 candidats se présentent officiellement à cette élection, mais quatre se démarquent de leurs rivaux, à savoir, le camp laïque qui est représenté par l'ancien chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, 75 ans. Amr Moussa se veut le garant d'une Egypte pluriconfessionnelle ouverte à la modernité. S'ensuit Abdel Moneim Aboul Foutouh, ancien haut dirigeant des Frères musulmans, qui obtient à la fois le soutien des salafistes et des libéraux. Abdel Foutouh, médecin de 61 ans, a également reçu le soutien du groupe radical Gamaa Islamiya, qui avait été impliqué dans l'assassinat du président Anouar al-Sadate. Troisième favoris, Mohammed Morsi, candidat des Frères musulmans (Parti de la liberté et de la justice, PLJ), un candidat par défaut. Il est surnommé la «roue de secours» depuis qu'il a remplacé au pied levé le premier choix de la puissante confrérie, Khairat al-Chater, invalidé en raison d'une vieille condamnation. Il se présente comme le seul candidat avec un programme islamiste, partisan d'un «projet de renaissance» fondé sur les principes de l'Islam. Parmi le trio de têtes des candidats figure Ahmed Chafiq, 70 ans, pur produit du système politico-militaire égyptien. Chafiq espère séduire les Egyptiens lassés des soubresauts politiques et de la détérioration de l'économie, en faisant de la stabilité et de la lutte contre le crime son cheval de bataille. S'il était élu, il s'est dit prêt à nommer un vice-président islamiste, qu'il soit Frère musulman ou salafiste. De son côté, le Conseil militaire au pouvoir en Egypte a appelé lundi la population à accepter les résultats de cette première élection présidentielle pluraliste; dont le scrutin a lieu sur deux jours, aujourd'hui et demain. Notons qu'un second tour sera organisé le 17 juin dans le cas où aucun des candidats n'atteint la majorité absolue. Près de 50 millions d'électeurs sont appelés à choisir le successeur de M.Moubarak aujourd'hui et demain. Le sort de l'Egypte se joue aujourd'hui. Selon les premiers résultats du vote des expatriés qui se sont exprimés, il y a quelques jours à l'étranger, notamment en Arabie saoudite où existe une forte communauté égyptienne, M.Morsi serait en tête du scrutin suivi par M.Aboul Foutouh et le nationaliste arabe Hamdeen Sabbahi, arrivé troisième. Les leaders de l'opposition de la grande majorité des pays dits du «Printemps arabe», à savoir les islamistes, se sont astucieusement montrés très discrets lors de la révolte arabe, qui à ébranlé nombre de ces pays. Au lieu d'investir le terrain et de revendiquer les départs de tel ou tel régime ou président, ils ont fait un ingénieux travail d'observation et d'accompagnement de l'évolution des différentes situations. En Egypte, ce sont les Frères musulmans qui, après avoir laissé la rue, et plus précisément les jeunes, faire leur révolution et écarter le président Hosni Mobarek ont, pour reprendre l'expression adéquate «récolté les fruits de la révolte arabe» Une patience étudiée et des années d'attente bien récompensées. Effectivement, la démonstration de force dans la rue trouve un écho dans les urnes, un vide politique et un mépris des proches de l'ancien régime font la joie des islamistes guetteurs. Le PLJ, vitrine politique des Frères musulmans, arrive en tête des législatives. Il frôle la majorité absolue en remportant 235 sièges de députés sur 498 (environ 47%). Le parti salafiste Al-Nour arrive en deuxième position avec 121 sièges (24%). Pourtant, les Frères musulmans qui constituaient, dès lors, la principale force politique du pays, et après leur victoire aux législatives, affirmé qu'ils n'étaient pas partant pour la présidentielle. Or, au dernier virage les Frères musulmans briguent la présidence et seraient en passe, en cas de victoire d'accéder à la magistrature suprême, trustant par là l'ensemble des postes de pouvoir du pays (Parlement - Choura - chambre consultative - présidence). Un monopole politique qui risque de faire retourner l'Egypte à la case de départ.