Mohammed Morsi, candidat des Frères musulmans à la présidentielle égyptienne - est surnommé la «roue de secours» depuis qu'il a remplacé au pied levé le premier choix de la puissante confrérie, Khaïrat al-Chater, invalidé en raison d'une vieille condamnation - arriverait en tête du scrutin présidentiel des mercredi et jeudi dernier. Mais peu importe le sobriquet, cet ingénieur de 60 ans diplômé d'une université américaine, a bénéficié du soutien du formidable réseau des Frères, la plus importante et la mieux organisée des forces politique du pays. Peu charismatique, le regard timide sur ses affiches et semblant sur la défensive lors de ses apparitions publiques, Mohammed Morsi a cependant pris de l'assurance et du mordant au fil de la campagne. Un de ses meetings au Caire a drainé des milliers de personnes scandant son nom sur l'hymne d'un club de football, et reprenant en refrain «Nous voulons Morsi comme président!». Chef du Parti de la Justice et de la Liberté (PLJ), la vitrine politique des Frères, il a été propulsé dans la course après le retrait le mois dernier de Khaïrat al-Chater, le numéro deux de la confrérie, en raison d'une condamnation du temps du président Hosni Moubarak qui lui vaut d'être encore inéligible. En quelques jours la confrérie a dû imprimer en toute hâte de nouvelles affiches à l'effigie de son candidat de rechange, et lui bâtir une image de présidentiable. M.Morsi peut se prévaloir de diriger le PLJ, de loin le premier parti du pays, qui détient presque la moitié des sièges de députés depuis les récentes législatives. Mais cette domination parlementaire sert aussi d'argument à ses adversaires, qui ont pointé le risque de voir les Frères dominer sans partage les pouvoirs législatif et exécutif. Mohammed Morsi se présente comme le «seul candidat avec un programme islamiste», partisan d'un «projet de renaissance» fondé sur les principes de l'islam. Il souhaite des relations «plus équilibrées» avec Washington, et menace de revoir le traité de paix avec Israël si les Etats-Unis bloquent leur aide à l'Egypte. Il réfute toute division au sein des Frères, bien que son principal adversaire pour le vote islamiste a été un ancien haut dirigeant de la confrérie, Abdel Moneim Aboul Foutouh, exclu l'an dernier. Mohamed Morsi est né dans le gouvernorat de Charqiya, dans le delta du Nil. Il est diplômé d'ingénierie de l'Université du Caire en 1975, puis obtient en 1982 un doctorat de l'université de Caroline du Sud, aux Etats-Unis. Militant d'un groupe anti-israélien, le Comité de résistance au sionisme, il a consacré le plus clair de son activité aux Frères musulmans, remportant un siège de député en 2000. Réélu au Parlement en 2005, il est emprisonné peu après pendant sept mois pour avoir participé à une manifestation de soutien à des magistrats réformistes. En 2010, il devient porte-parole de la confrérie et membre de son bureau politique. Il est à nouveau brièvement emprisonné le 28 janvier 2011, trois jours après le début de la révolte populaire qui va déboucher sur la chute de Hosni Moubarak.