Alors que l'on croyait le dossier classé, revoilà un nouvel épisode de ce projet. Les négociations butent toutefois sur le lieu d'implantation des ateliers. Renault veut Alger. Les responsables algériens, Jijel. Histoire de prolonger un feuilleton qui dure depuis près de trois années. «Après plusieurs mois de négociations, le gouvernement algérien et le constructeur français Renault ont signé le 25 mai un accord-cadre pour la création d'une usine en Algérie» a rapporté dans son édition du 31 mai le journal français Le Figaro. «Je vous confirme qu'un accord-cadre a été signé, mais les discussions se poursuivent en vue de la finalisation de cet accord» a déclaré hier le porte-parole du constructeur automobile français qui a donc confirmé l'information du Figaro. Ce document ne garantit cependant en rien la réalisation de ce projet. «Les négociations continuent pour un accord définitif, à une échéance non précisée», précise le quotidien parisien. Pourquoi les discussions traînent-elles en longueur? Les deux parties divergent sur la région où doit être implantée l'usine en question. Alger a jeté son dévolu sur Jijel (350 kilomètres à l'est d'Alger). «Les discussions ont pris plus de temps que prévu. Le partenaire étranger a considéré que le lieu proposé pour l'implantation de l'usine est loin du bassin de l'emploi et qu'il n'offrait pas les opportunités nécessaires», a indiqué le ministre algérien de l'Industrie. «Nous n'avons pas encore proposé un autre lieu pour la construction de l'usine, nous tenons à ce que le projet soit réalisé à Bellara... Pour nous, la zone de Bellara c'est l'arrière-pays de Constantine, qui est une plate-forme de l'industrie mécanique», a confié Mohamed Benmeradi. Paris, de son côté, a porté son choix sur Alger. A Rouiba plus exactement, «de façon à ce que les voitures soient fabriquées près de là où elles sont achetées et dans une zone où on peut recruter de la main-d'oeuvre qualifiée», a argumenté, au mois de février dernier, un responsable de Renault. Chacun campe solidement sur ses positions. Une attitude annonciatrice d'une histoire qui veut tourner au divorce à l'amiable. Que cachent les sorties médiatiques de l'une ou de l'autre partie? Côté algérien, le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, est resté étrangement silencieux à ce sujet. Entretien d'une illusion qui n'a que trop duré ou pétard mouillé? Mohamed Benmeradi, qui a longtemps fait croire que ce projet était en voie de se réaliser, se montre, à l'heure actuelle, peu enthousiaste. A moins qu'il n'ait décidé de faire machine arrière dans ce dossier qui tient en haleine l'opinion publique depuis près de trois ans. Se ménage-t-il une sortie honorable dans un projet qu'il a soutenu mordicus jusqu'à presque en faire une affaire personnelle. A tel point où il a, à chaque fois, minimisé des déclarations qui n'étaient pas nécessairement à l'avantage de l'Algérie. A la veille de la visite de Jean-Pierre Raffarin (chargé du dossier économique avec l'Algérie par l'ex-président Nicolas Sarkozy) à Alger, au mois de février, le ministre de l'Industrie avait déclaré, dans un entretien à l'APS, que son département était «sur le point de signer un accord» avec le constructeur automobile français. «Nous en sommes déjà à la phase de la signature d'un protocole d'accord avec Renault. C'est pour vous dire que nous sommes très près de la concrétisation du projet», avait-il souligné. Les échos en provenance de l'autre côté de la Méditerranée indiquent que le projet est au stade du balbutiement. Les Algériens «gros consommateurs» de la marque automobile au Losange ont, eux, le droit de savoir. Le groupe français, qui a écoulé 75.000 voitures l'année dernière, est le leader des ventes automobiles en Algérie. Dans un tel contexte, les déclarations du ministre algérien de l'Industrie ont plus tendance à faire le jeu de Renault qui souffle le chaud et le froid dans ce dossier...