Le chef du groupe armé islamiste Ansar Dine et un responsable de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) poursuivaient samedi en milieu de journée leurs discussions entamées la veille à Gao (nord-est du Mali), a indiqué un témoin. Bilal Ag Achérif, secrétaire général du MNLA, et Iyad Ag Ghaly, leader d'Ansar Dine, qui avaient brièvement suspendu leur entretien, ont repris les discussions, a expliqué Boubacar Maïga, journaliste d'une radio locale sur place, joint depuis Bamako. «Vers midi (heure locale et GMT), j'ai vu Iyad Ag Ghaly et Bilal rentrer en salle avec leurs équipes pour reprendre les négociations », et d'après les entourages des deux hommes, «ils ne se sont pas encore entendus. Iyad parle toujours de charia (loi islamique) et du Coran comme source du droit », a ajouté M. Maïga. Vendredi soir, un proche du leader d'Ansar Dine avait annoncé les pourparlers entre Iyad Ag Ghaly et Bilal Ag Achérif sur le projet de fusion de leurs deux groupes ayant fait l'objet d'un protocole d'accord le 26 mai qui a été dénoncé vendredi par un des responsables du MNLA. L'entourage du secrétaire général du MNLA avait confirmé l'entretien entre les deux hommes, sans en préciser l'objet. Un bref communiqué du MNLA, daté de Gao et signé par Hamma Ag Mahmoud, membre du Bureau politique du MNLA, dénonçait le protocole d'accord relatif à la fusion entre le MNLA et Ansar Dine en évoquant des désaccords sur l'application de la charia. Cet accord pour leur fusion au sein d'un «Conseil transitoire de l'Etat islamique de l'Azawad » avait surpris plus d'un, en raison de leurs divergences d'objectifs et d'idéologies: Ansar Dine, allié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi, djihadiste), prône l'application de la charia dans tout le Mali alors que le MNLA se proclame laïc et défend la création d'un Etat dans les limites de la région naturelle de l'Azawad, s'étendant du nord-est au nord-ouest du Mali. Vendredi même, l'entourage d'Iyad Ag Ghaly avait confirmé l'impasse avec le MNLA, sans toutefois exclure des retrouvailles. L'entourage du secrétaire général de la rébellion touareg avait de son côté indiqué que Bilal Ag Achérif lui-même n'avait pas encore pris de position sur le dossier.