les enfants de la ville sont les plus touchés par la mendicité par rapport à ceux des régions rurales. Plus de 70% des enfants mendiants souffrent de problèmes sociaux, a révélé une étude publiée, jeudi à Alger, par le réseau algérien pour la défense des droits de l'enfant (Nada). Plus de 70% des enfants mendiants font face à des problèmes sociaux et habitent dans des bidonvilles ou sont sans abris, a indiqué Mme Barsa Salima qui a présenté l'étude lors de la conférence organisée par le réseau Nada sur l'exploitation des enfants dans la mendicité. Selon l'étude, les enfants de la ville sont les plus touchés par la mendicité par rapport à ceux des régions rurales. 84% des enfants s'adonnent à la mendicité pour aider leurs parents tandis que 16% le font pour répondre à des besoins personnels, selon l'étude qui révèle que 70% des enfants mendiants sont accompagnés d'adultes. 55% sont âgés de 12 à 18 ans, 32,5% font partie de la catégorie des 8-12 ans contre 12,5% pour celle des moins de 8 ans, selon l'étude réalisée par le réseau Nada. Pour parer à cette situation, le réseau Nada préconise l'«organisation de campagnes de sensibilisation aux graves conséquences de la mendicité des enfants dans les rues». Il a également mis l'accent sur la nécessité d' «améliorer les textes juridiques en matière de protection des enfants contre ce fléau». L'étude a touché 550 enfants mendiants au niveau de 15 wilayas. Dans ce contexte, le président de Nada, Abderrahmane Aârar, a appelé, jeudi dernier à Alger, à la coordination des efforts entre les différentes parties concernées pour la protection des enfants du phénomène de mendicité. M.Aârar a indiqué dans une allocution à l'ouverture de la conférence organisée par le réseau Nada sur l'exploitation des enfants dans la mendicité que «les institutions de l'Etat et les organisations de la société civile et de la famille se doivent de coordonner leurs efforts pour la protection de l'enfant de ce phénomène». Il a insisté sur la mise en place d'un cadre juridique pour mettre l'enfant à l'abri de ce phénomène «grave», soulignant «l'importance de prendre en charge immédiatement les enfants qui y sont impliqués». Il a souligné, en outre, l'importance d'un suivi psychologique des enfants placés dans les centres d'accueil spécialisés en vue de leur réinsertion au sein de la société. La représentante du ministère délégué chargé de la Famille, Hassiba Houacine, a précisé dans son intervention, que le ministère avait mis en place un plan national de l'enfance (2008-2015) pour la prise en charge des enfants dont les enfants mendiants. Concernant le cadre juridique de cette catégorie, elle a affirmé qu'il existait un projet de loi en cours d'élaboration, déplorant toutefois, «l'inexistence d'études exactes sur ce phénomène dont sont victimes 18.387 enfants selon les statistiques de 2005». Pour sa part, le secrétaire général de la commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, Abdelouahab Morjana, a souligné «l'importance de l'action de sensibilisation avant les mesures coercitives énoncées par la loi». Le président de l'Assemblée populaire communale de Sidi M'hamed, Mokhtar Bourouina, s'est interrogé lui sur les raisons de ce phénomène. Louisa Ferchane, psychologue, a imputé les causes de ce phénomène à des facteurs sociaux dont la dislocation de la famille et la démission des parents de leur rôle au sein de la famille. Le phénomène de la mendicité sévit depuis ces dernières années en Algérie. Selon le ministre de la Solidarité nationale, Saïd Barkat, un projet de loi prévoyant des dispositions «dissuasives» est en préparation et vise à mettre un terme au phénomène. S'exprimant lors d'une séance plénière du Conseil de la nation, le ministre a annoncé que ce projet propose la prise de sanctions contre les parents qui utilisent leurs enfants dans la mendicité. Il sera question, notamment de «peines d'emprisonnement, du retrait des enfants aux parents qui les exploitent dans la mendicité et leur placement dans des centres spécialisés pour les protéger et garantir leur sécurité», a-t-il expliqué, notant que les mendiants, membres de réseaux organisés, «n'ont pas besoin d'aide, car ils recourent au gain facile et rapide par tous les moyens, notamment illicites».