Douceur et gravité Pour cette soirée spéciale, l'artiste belgo-britannique rendait hommage au grand jazzman américain, Cole Porter, dont un album lui est consacré. Pour la 4e fois à Alger, Philip Catherine vient à la rencontre de son public. Dimanche, à la salle Ibn Zeydoun, il s'est produit à la faveur du cycle «Jazz d'ailleurs» organisé par l'Aarc dans le cadre «Des racines et des airs». Depuis les années 1960, Philip Catherine a été une figure importante de la scène du jazz européen. Il a collaboré avec des grands artistes comme Charles Mingus, Chet Baker, Stéphane Grapelli ou encore Dexter Gordon, Larry Coryell, Nhop, pour n'en nommer que quelques-uns. Son style et sonorité unique, son engagement musical ont été importants et d'une influence incontestable sur le jazz contemporain européen. Pour cette soirée spéciale, l'artiste belge-britannique rendait hommage au grand jazzman américain Cole Porter dont un album lui est consacré. Un travail que la critique internationale a salué et que les mélomanes ont plébiscité. Sur scène, Philip Catherine, considéré comme l'un des meilleurs guitaristes au monde, était accompagné d'un trio de musiciens, un pianiste, un bassiste et un batteur. Un quarté gagnant donc pour assurer une belle soirée jazzy aux atmosphères cosy, qui inspire la sérénité et l'élévation spirituelle. Si l'intro musicale se veut timide c'est pour mieux mener la sauce et la sentir monter. La sobriété harmonique se faisait ainsi caresse à l'ouïe pour aller crescendo et atteindre les cimes du plaisir. Car la musique c'est aussi et surtout une affaire de sensation. Palpable! Philip Catherine ne tient pourtant pas en place. Le voila tantôt debout, tantôt assis tapant du pied la mesure. Le jazz de ce musicien hors normes est d'un faux calme, se voulant survolté par instant puis apaisant. C'est le cas dans Piano groove, où l'on sentira monter la température dans la salle, bien que le public n'est pas fort nombreux au rendez-vous ce soir finalement et l'ambiance mitigée. Mais les férus de jazz savent savourer la moindre note jazzy pour ne pas laisser perdre une miette à côté. Philip Catherine nous invitera aussi à apprécier un morceau écrit pour lui, il y a dix ans, à l'occasion de son anniversaire et intitulé tout simplement Merci Philip. Une ballade vaporeuse, savoureuse tout en douceur et subtilité qui se termine par une espèce de tempo martial assez pêchu. Suivra une autre ballade Lost land, (pays perdu) et un morceau plus entraînant Francis Deelight, au nom de feu Francis Drefus, ancien directeur de la maison de disque de l'artiste auquel il rend hommage ici. Garagos est un autre titre aux relents apaisants signé par le pianiste et interprété en duo solennel gorgé de tendresse. Gil et Mirona dédié justement aux parents du pianiste, Nicolas Fresman est encore un piano/guitare des plus ravissants au rythme nonchalant que Philip Catherine va jouer en tapant encore une fois la mesure tout en susurrant les notes de cette mélodie mi grave mi-légère. Place au jeu de guitares qui se veulent fluides et intenses comme ce calme que nous invite à apprécier Philip Catherine via ce sublime morceau un peu long, mais exquis, Show in love autour duquel s'articule un thème musical précis, redondant et sur quel vont s'enchevêtrer les sons des autres instruments qui viendront s'ajouter en complément pour finir par faire embraser ce morceau qui s'intensifie en rythme et en chaleur. Philip Catherine en communicateur généreux propose au public de fredonner avec lui quelques airs ou onomatopées, histoire de vérifier leur oreille musicale et les initier au free jazz. Le public ne tardera pas à s'exécuter avant que les musiciens ne jouent un dernier morceau de swing jazz. Une ballade sur laquelle on distinguera la touche originale du batteur qui improvisera un petit exercice de style fort sympathique. Ça y est, c'est la fin du concert. Mais le public en redemande. Ce sera un morceau jazz des plus entraînants et plein de punch, histoire de repartir avec le sourire, enorgueilli et la tête revivifiée.