De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Le Festival international de jazz de Constantine, DimaJazz, a recouvré ses notes lors de sa seconde soirée. Et par là même, on s'est installé dans l'esprit du festival à la faveur de la prestation artistique hors «tessiture» des deux trios qui se sont produits sur la scène du Théâtre régional de Constantine (TRC). Philip Catherine et puis Nguyên Lê, dont l'âme de chacun se prénommait tout simplement guitare. Durant deux heures, les 6 cordes étaient en pleines vibrations. Et on percevait le thème. N'est-ce pas que celui-ci constitue le riff incontournable des jazzmen ? D'ailleurs le public nombreux présent aura été subjugué par les doigtés magiques et les sons qui s'en dégageaient. Le Belge ou le romantique de la guitare jazz comme il est appelé, Philip Catherine a ouvert la soirée avec maestria. Décontracté aux côtés de ses deux musiciens, le trompettiste Philippe Aerts et le basiste Bert Joris, le virtuose qui avait déjà foulé la scène constantinoise en 1984, fera goûter aux présents le délice du jazz exécuté sur une six cordes. Tantôt il exécute des passages en Chormelody (accord et mélodie joués ensemble sur la même guitare), tantôt il se reconvertit en accompagnateur pour le trompettiste ou le bassiste. Philip détient le secret de son voyage musical dont l'ennui n'a pas une simple croche oisive… Il interprétera Twice a week qui donnera libre cours àl'improvisation. Hervin Berlin était également exprimé par ce trio qui lui réservait How deep is the ocean. Ce second morceau ressortira le walking bass, traditionnelle âme du jazz, et agrémentera les décibels par un unisson agréable entre la guitare et la trompette. Ses enchaînements d'accords en pompe parfois sous coloration bossanova, donneront du rythme au public qui en voulait davantage. Chaque artiste explore son univers dans une improvisation dont le finish brossera le thème initial. Au cours de sa production, Philip rendra un hommage à sa mère avec l'intitulé Lettre de ma mère et une composition pour sa fille, Janette. Décembre 26 sera un autre morceau choisi parmi son riche répertoire. Toutefois, c'est avec Toscane que le public sera transporté dans d'autres contrées. Cette légère échappée musicale «empruntant» des airs à la Mark Knofler et B. B. King… a fait sortir les tripes musicales de l'artiste. Philip voulait être seul sur ce morceau. Plutôt avec sa guitare. Mais il a utilisé un «loop station» (appareil électronique permettant des enregistrements des boucles musicales) pour soutenir harmoniquement sa fabuleuse mélodie. La seconde partie de la soirée sera tout simplement phénoménale ! Le virtuose à la guitare électrique Nguyên Lê, le batteur énergique Francis Lassus et l'autre bassiste Linley Marthe offriront au public un trio d'une rare existence. Paradoxe ou magie des notes, le guitariste le plus convoité par les sphères du jazz (il s'est produit aux côtés de MC Laughlin, de Enrio Rava, de Dee Dee Bridgewataer et de bien d'autres), est déjà passé à Constantine dans le même festival. Sa maîtrise de l'instrument a dépassé tous les exercices de style. Ses choix artistiques sont un mélange entre divers genres, dont le funk et le jazz. Il en demandait plus à ses notes avec un doigté d'une rare agilité… «Le magique Nguyên lê» lançait le batteur après avoir fait une intro vertigineuse. Le trio plongeait le TRC dans un silence de cathédrale avec des notes accentuées et des lignes mélodiques venues d'ailleurs qui se superposaient. Le morceau Zigzag porte bien son nom. C'est une interprétation qui étalera toute la fusion synchrone du trio. Le bassiste venu de l'île Maurice éblouira les mélomanes par des solos fluides ornés par des «tapping sweeping» à la guitare du maître Lê. Et la prestation du batteur tenait le public en éveil permanent. En somme, la seconde soirée du festival aura été à la hauteur de la manifestation. C'était riche en sonorités et surtout en jazz !