Le peuple sahraoui décidera librement de son avenir Le président de la République arabe sahraouie, Mohamed Abdelaziz, qui revendique le droit à l'autodétermination, se dit prêt à accepter le verdict des urnes si son peuple se prononce pour l'annexion au Maroc. La missive adressée par le président de la RASD au monarque saoudien résonne comme une fin de mission pour l'Envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental. «Face à l'impasse causée par le gel du processus de négociations après le refus par le Maroc de la médiation du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, M.Christopher Ross, je m'adresse à Votre Majesté pour demander à Sa Majesté le roi Mohammed VI de mettre fin au conflit et aux souffrances des peuples sahraoui et marocain» a écrit Mohamed Abdelaziz. Le souverain wahhabite est appelé à se substituer au représentant personnel du Secrétaire général de l'ONU alors que ce type de mission est, en principe, dévolu à l'Organisation des Nations unies. Autre indice de l'hypothétique mise sur la touche de M. Ross: l'invitation lancée par l'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique à Alger au SG de l'ONU, Ban Ki-moon. «Seule sa visite sur place fera bouger le dossier du Sahara occidental», a affirmé Brahim Ghali. Les bons offices pour la bonne cause ne doivent pas être contrariés. Dans le cas où le serviteur des Lieux Saints de l'Islam répondrait favorablement à la requête du Secrétaire général du Front Polisario, réussira-t-il là où James Baker, Peter Van Walsum et Christopher Ross ont échoué? Afin d'y parvenir, il faudrait convaincre avant tout le roi du Maroc, Mohammed VI, de faire machine arrière en ce qui concerne son projet de large autonomie qu'il a, il faut le préciser, déjà mis en oeuvre. Les Marocains ne veulent discuter qu'autour de cette seule initiative. «Ce qui est inacceptable pour nous et pour toute personne raisonnable, c'est de ne laisser aux Sahraouis qu'un seul choix et de le leur imposer, tout en prétendant qu'il s'agit d'un compromis», signale dans sa lettre le président sahraoui, a rapporté dimanche dernier l'agence de presse officielle sahraouie (SPS). Mohamed Abdelaziz veut sortir le conflit de cette vision étriquée. Il n'arrivera pas les mains vides dans le cas où les Marocains accepteront de jouer le jeu. Que propose-t-il? Trois options seront mises sur la table. Le peuple sahraoui décidera librement de son avenir. «Le droit international, garant de la paix internationale, reconnaît ce droit (l'autodétermination, Ndlr) et accorde au peuple sahraoui et, au peuple sahraoui seulement, le droit de décider du statut final du territoire du Sahara occidental soit par l'indépendance, soit par l'annexion au Maroc ou autre formule», a indiqué le secrétaire général du Front Polisario dans son réquisitoire tout en mettant en exergue les «correctifs» apportés à la position marocaine par les instances internationales. «La question des droits historiques, seul argument déclaré du Maroc pour la poursuite de son occupation du Sahara occidental, a été battue en brèche par la communauté internationale deux semaines avant l'invasion à travers l'avis de la Cour internationale de justice de La Haye.» a-t-il rappelé. Pas question donc pour le président de la Rasd d'abandonner l'alternative du droit à l'autodétermination. «Conscients de l'ampleur de la responsabilité qui nous incombe à l'égard de l'avenir des peuples sahraoui et marocain, nous avons fait des concessions mais la seule concession à ne jamais demander est d'abandonner la lutte pour le respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», a précisé M.Abdelaziz qui joue cartes sur table. Le Front Polisario se dit prêt «à accepter tout résultat du référendum sur l'autodétermination y compris l'annexion au Maroc et la reconnaissance de sa souveraineté sur le territoire si telle était la volonté du peuple sahraoui». Le président de la Rasd annonce la couleur dans le cas où le peuple du Sahara occidental est mis dos au mur: «Ce qui est inacceptable... C'est de ne laisser aux Sahraouis qu'un seul choix et de le leur imposer, tout en prétendant qu'il s'agit d'un compromis» a souligné Mohamed Abdelaziz. Le Front Polisario remet la balle dans le camp marocain...