Après une réunion encourageante à la mi-mai, le directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano, avait effectué un voyage éclair à Téhéran et proclamé à son retour, le 22 mai, la conclusion très prochaine d'un accord. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme nucléaire, ont entamé hier de nouvelles discussions à Vienne en vue d'un accord devant permettre entre autres l'accès à un site militaire suspect. Grâce à cet accord-cadre, l'AIEA veut avoir un accès accru à tous les sites, individus et documents susceptibles de l'aider à clarifier la nature du programme nucléaire iranien. Les grandes puissances et Israël soupçonnent l'Iran de développer l'arme nucléaire sous couvert de son programme civil, ce que Téhéran dément formellement. Les responsables iraniens, notamment le guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei, ont déclaré à plusieurs reprises ces derniers mois que la construction, la possession et l'utilisation de l'arme atomique étaient «haram», c'est-à-dire interdites par l'Islam. Dans un rapport en novembre, l'agence avait diffusé une liste d'éléments indiquant selon elle que le pays avait pourtant travaillé au développement de la bombe atomique avant 2003, et peut-être après. L'AIEA veut en particulier accéder à la base militaire de Parchin près de Téhéran, où elle soupçonne le pays d'avoir procédé à des tests d'explosion conventionnelle pouvant être applicables au nucléaire, ce que Téhéran dément. Elle craint aussi, images satellitaires à l'appui, que les autorités soient en train de nettoyer le site. Les discussions à Vienne sont menées côté AIEA par le chef des inspecteurs, le Belge Herman Nackaerts, et le directeur général adjoint, l'Argentin Rafael Grossi, côté Iran par l'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh. Après une réunion encourageante à la mi-mai, le directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano, avait effectué un voyage-éclair à Téhéran et proclamé à son retour le 22 mai la conclusion très prochaine d'un accord, mais rien ne s'est passé depuis. Le Japonais s'était montré plus prudent le 4 juin: «Nous avons besoin d'espérer qu'un accord sera signé dès que possible», avait-il déclaré en marge du conseil des gouverneurs de l'AIEA. Cette rencontre intervient à dix jours d'une réunion cruciale à Moscou entre le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et Allemagne) et l'Iran. Après deux round de négociations à Istanbul en avril, puis en mai à Baghdad, les parties s'étaient séparées sur un constat de divergences, notamment sur l'activité très sensible de l'enrichissement d'uranium à 20% qui rapproche le pays du niveau d'enrichissement nécessaire à la fabrication de la bombe (90%). Les Occidentaux veulent désormais des gestes concrets de l'Iran. Faute de progrès, un embargo européen sur le pétrole iranien entrera en vigueur le 1er juillet. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a affirmé jeudi, que l'Iran voulait poursuivre les négociations, «mais les grandes puissances ne semblent pas vouloir trouver une solution (...) et très probablement elles ne permettront pas que la question soit résolue à Moscou», a-t-il déclaré selon l'agence Isna. Le président chinois Hu Jintao, cité hier par Chine nouvelle, l'a appelé lors d'un entretien à Pékin à se montrer «flexible et pragmatique» dans les négociations diplomatiques et dans sa coopération avec l'AIEA.