[image] Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a estimé mercredi à Vienne, que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) «court un risque réel», après l'accroissement de son rythme de production qui a largement dépassé le plafond fixé en décembre dernier. J'espère qu'il y aura une prise de conscience sur l'effet négatif (de l'augmentation de la production du pétrole, NDLR) sur les prix, notamment ces dernières semaines et que l'Opep court ainsi un risque réel», a-t-il déclaré à l'APS en marge du 5è séminaire de l'organisation. L'Opep, qui assure plus de 30% de l'approvisionnement mondial de pétrole, s'était engagée fin décembre dernier à maintenir la production de ses douze membres à 30 mbj, le niveau où elle se situait alors, mais sans redéfinir de quotas individuels. Cependant, la production de l'organisation a augmenté à un niveau presque historique en dépit de la faiblesse de l'économie mondiale, une demande fragile et la tension autour de l'Iran. Depuis, les prix du brut ont joué les montagnes russes, d'abord dopés par le durcissement des sanctions internationales contre l'Iran, avant d'être refroidis par la crise en zone euro et une série d'indicateurs économiques moroses aux Etats-Unis et en Chine. Après s'être hissé début mars jusqu'à 128 dollars, un sommet depuis juillet 2008, le cours du baril de Brent coté à Londres a dégringolé de 25%, tombant début juin sous la barre des 100 dollars, au plus bas depuis près d'un an et demi. M. Yousfi a estimé, à ce titre, que le marché du brut «est déséquilibré» et que «depuis quelques semaines, il y a plus d'offre que de demande». Analyses Il a soutenu que toutes les analyses faites montrent que la production de l'Opep nécessaire pour approvisionner le marché mondial correctement est de 29,9 mbj», relevant dans ce sens que la demande mondiale est «largement couverte à partir du niveau de production de 30 mbj». Selon le ministre, la production de l'Opep dépasse largement son plafond fixé en décembre, se hissant à 31,85 mbj, voire 32 mbj, provoquant un gonflement important des stocks mondiaux alors que la demande est au ralenti. «Toute augmentation de la production au-delà du niveau fixé en décembre dernier ne sert qu'à augmenter les stocks. Or, nous assistons, aujourd'hui, à un accroissement du rythme de laé production de l'organisation. Les chiffres parlent de 31,8 à 32 mbj. En clair, nous avons un excédent entre 1,8 et 2 mbj. Il est fatal sur les prix», a-t-il expliqué. Par ailleurs, a-t-il poursuivi, «il y a des stocks extrêmement importants en terre, mais également en mer. Ce stockage flottant peut être déverser à n'importe quel moment sur les marchés, ce qui risque d'avoir des effets négatifs sur les prix». «La question (de la baisse des prix, NDLR) sera sérieusement discutée jeudi lors de la réunion ministérielle de l'organisation. J'espère qu'il y aura un consensus pour stopper le déclin des prix du pétrole», a-t-il conclu.