Les transporteurs privés des voyageurs de la municipalités de Béjaïa sont revenus hier à la charge à travers un gigantesque rassemblement devant la gare routière de la ville. Les propriétaires de plus de 500 bus desservant les quatre coins de la ville, soutenus par d'autres opérateurs sur les lignes interurbaines, étaient là pour protester contre l'insécurité née de la réaction des usagers au lendemain de l'augmentation controversée des tarifs du ticket, de l'ordre de cinq dinars. Entamée timidement le premier jour du Bac, la protestation a pris de l'ampleur lorsque l'ensemble des opérateurs privés ont décidé de retirer de la circulation leurs bus. Une mesure «préventive», justifient les transporteurs grévistes, pour «protéger leurs biens» face au climat de lourde tension dans la ville matérialisée par de vives altercations entre usagers mécontents et transporteurs. «L'arrêt de travail des 400 transporteurs est motivé par l'insécurité et les agressions de la part de certains jeunes», écrivent dans une déclaration signée conjointement par l'Ugcca, l'Onta et l'UNT. Tout en affichant leur «disponibilité à reprendre le service dès le retour au calme et à la sécurité», ils ont appelé les associations et les citoyens à «sensibiliser ces jeunes pour ne plus fermer les routes ou caillasser les bus et de comprendre que cette augmentation de cinq DA demeure vitale à la continuité du travail». Les opérateurs persistent et signent: «Nous maintenons l'augmentation de cinq dinars et nous ne reprendrons le travail que lorsque la sécurité du personnel et du matériel sera garantie par les pouvoirs publics». Solidaires, les transporteurs privés des voyageurs maintiennent donc le cap et refusent de céder sur une mesure, qu'ils jugent «légitime et justifiée» et que les usagers rejettent «dans le fond et la forme», allant jusqu'à s'en prendre violemment aux bus et leur personnel. Un bras de fer qui s'accentue, en somme pendant que l'administration a, dans un premier temps qualifié la mesure des opérateurs «d'illégale», pour ensuite se contenter de commentaires, qui sont loin de répondre aux attentes d'une opinion locale désarçonnée. Le chef-lieu de la wilaya de Béjaïa est toujours paralysé. Le constat est là. Le directeur des transports, qui juge «illégale» cette hausse, a demandé aux usagers de ne pas s'acquitter de l'augmentation et d'établir des rapports écrits sur les «contrevenants». Depuis, aucune mesure n'est prise et l'arrêt de travail se poursuit faisant l'affaire des fraudeurs et des taxis qui ont, eux aussi, doublé les prix sans aucune gêne. «Une course de 100 dinars et passée à 150 dinars, affirmait hier cette dame, surprise non pas par la mesure des transporteurs privés, mais par celle passée inaperçue des fraudeurs et de «taxieurs» qui s'en donnent à coeur joie dans une pratique en vogue dans tous les secteurs en crise. Depuis hier, dix nouveaux bus de l'entreprise publique, Etub, sont entrés en service. Une unique mesure qui soulagera légèrement les usagers, qui pour certains, n'ont de choix que le «train 11», la marche à pied sous un soleil de plomb. Réagissant à ce mouvement de grève des transporteurs, le chef de l'exécutif s'est contenté, sans le citer nommément, d'accuser un bénéficiaire de l'Ansej exerçant dans le transport, lequel serait «l'instigateur» de la protesta. «Nous savons qui est derrière la grève», a-t-il dit sur les ondes de la radio. Il assurera la population fortement pénalisée par ce mouvement de grève que «l'Etat a les moyens de remédier à cette situation. Depuis, il n'y a eu rien de concret mettant fin à la crise.