«Le système politique algérien a des similitudes avec le régime égyptien» L'histoire se répète. Durant les années 1990 les islamistes égyptiens avaient souhaité la victoire du FIS. Aujourd'hui, ils sont servis puisqu'ils sont sur le point de gouverner. Les Frères musulmans (la composante la plus importante du courant islamique) crient victoire au lendemain de l'élection présidentielle, malgré le manque de clarté dans le processus de changement dans ce pays. Ils comptaient parmi les ardents supporters et ont applaudi les succès électoraux de l'ex-parti dissous (FIS) en Algérie au début des années 1990. Pour rappel, ils ont misé sur l'éventuel impact de la victoire avortée des islamistes algériens aux législatives (dont le premier tour s'est déroulé en décembre 1991, Ndlr) pour faire évoluer le processus de développement de ce phénomène en Egypte. Aujourd'hui, le scénario est un peu renversé. Tout l'atermoiement dans la constitution du gouvernement et le statu quo marquant la scène politique, en Algérie, «est suspendu en partie aux résultats de la présidentielle égyptienne», croit savoir un analyste politique. Même si ce qui se passe actuellement en Egypte est qualifié d' «un coup d'Etat militaire soft», il n'en demeure pas moins que «le système politique algérien qui a des similitudes avec le régime égyptien, tentera d'en tirer la leçon en intégrant la tendance égyptienne dans la stratégie et les choix politiques immédiats et à venir», estime le politologue Ismaïl Hariti. Ainsi si on se remet à cette thèse, on pourra spéculer que le coordinateur ou le futur Premier ministre pourrait être désigné au sein de la mouvance islamiste. «L'achèvement du processus de changement en Egypte pourra aussi réanimer la transition vers un système démocratique en interruption en Algérie», souligne-t-on encore. Toutefois un autre analyste, souligne que «la présidentielle égyptienne n'aura absolument aucun impact sur le paysage ou l'évolution de la situation politique algérienne». Le retard dans la composition du gouvernement, explique-t-il «n'est même pas lié au rapport de forces politiques agissantes, mais plutôt à une spécificité devenue coutumière ou à la particularité du tempérament du chef de l'Etat». Ceci dit, certains observateurs, «n'y voient aucun impact possible tant que le statu quo général reste de mise». Malgré ces disparités entre les expériences algérienne et égyptienne, il n'en demeure pas moins que la frontière entre l'extrémisme et la modération au sein du mouvement islamique est très mince. Le Haut conseil militaire en Egypte, tente de pousser à la violence les Frères musulmans qui revendiquent la victoire de leur candidat, Mohammed Morsi. Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans, a affirmé lundi 18 juin que l'Assemblée du peuple restait valide et gardait le pouvoir législatif, rejetant sa dissolution et le transfert de ses prérogatives à l'armée. Cela a mis les Frères musulmans en plein cercle du conflit. En d'autres termes, une question reste posée: les évènements tragiques de la tragédie nationale en Algérie peuvent-ils se répéter en Egypte? A cette époque les Egyptiens disaient aussi que «l'Egypte n'est pas l'Algérie et ne le sera jamais». Pour eux l'Algérie présente une série de caractères qui contribuent à lui donner ce côté violent et impulsif quand certains islamistes ont misé sur l'éventuel impact de la victoire du FIS dissous (le premier parti politique islamiste légalisé dans le Monde arabe) sur le développement de la situation en Egypte.