La Cour constitutionnelle a décidé de dissoudre le Parlement et le Sénat égyptiens dominé par une majorité islamiste. Dans la foulée, la Cour a rejeté la procédure visant à exclure l'homme du pouvoir Ahmed Chafik de la course aux élections présidentielles. Ces deux coups simultanés ont transformé le rêve des islamistes en cauchemar qui à la veille du deuxième tour des élections présidentielles voient déjà leur projet s'écrouler. En effet, la haute cour constitutionnelle a décidé hier de dissoudre l'Assemblée nationale égyptienne, invoquant des irrégularités du mode de scrutin. Par ce, le Parlement est redevenu illégal et déclaré officiellement dissous. La cour a également retoqué la loi dite d' «isolement politique» interdisant aux dignitaires de l'ancien régime de se présenter aux élections. Elle aurait pu conduire à une exclusion du candidat Ahmed Chafik. Celui-ci sera donc opposé au candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, lors du second tour de l'élection présidentielle prévu demain et après-demain. Conséquence de cette dissolution : c'est le Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui récupère le pouvoir législatif jusqu'à l'élection d'un nouveau Parlement. Selon le calendrier prévisionnel, le CSFA qui assure la transition politique depuis la chute d'Hosni Moubarak en février 2011 aurait dû rendre le pouvoir à l'issue de l'élection présidentielle. Après ce double coup, les Frères musulmans et le parti des «Salafistes» crient au scandale et parlent d'un «coup d'Etat constitutionnel». Dans une conférence de presse, le candidat Islamiste, M. Morsi, a menacé par une seconde révolution si toutefois il y aurait des fraudes dans le second tour des élections présidentielles. Par ces déclarations, le candidat islamiste incite à la violence dans le cas où il ne sera pas élu. Par la voix d'Azzet Hicham, les Frères musulmans ont indiqué que la décision de la cour est une légalisation d'un coup d'Etat militaire. Dès l'annonce de la décision de justice, des affrontements ont éclaté devant le bâtiment de la Haute Cour constitutionnelle. Même en cas de victoire, le candidat Islamiste ne resterait pas longtemps sur le fauteuil présidentiel, en raison de son dossier médical. L'intervention chirurgicale qu'aurait subie M. Morsi à l'étranger au niveau de son cerveau pourrait lui être fatale. Au niveau du camp d'Ahmed Chafik, on parle de plus en plus de l'état de santé du candidat islamiste. «M. Mor-si ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales, ceci est un grand handicap et ne lui permettrait pas de gouverner l'Egypte», a déclaré à la presse un responsable du camp Chafik. En somme, les islamistes qui espéraient prendre le pouvoir en Egypte ne croient plus en leur chance et voient déjà leur projet s'écrouler.