Les Egyptiens seront appelés dans quelques semaines à choisir entre les deux candidats arrivés en tête au premier tour de la présidentielle. Il s'agit de Mohammed Morsi, candidat des frères musulmans, et d'Ahmad Chafik, l'ancien Premier ministre sous Moubarak.Les Frères musulmans ont appelé les Egyptiens à faire front derrière leur candidat, Mohammed Morsi, au second tour de la présidentielle afin de «sauver la révolution», mise en danger, selon eux, par la possible victoire d'Ahmad Chafik, une des figures du régime déchu. La confrérie, qui attend son heure depuis les années trente, a estimé qu'au vu des «chiffres complets» du premier tour il était «absolument clair» que les deux hommes se retrouveraient au second. Prévu le 16 et 17 juin le second tour de la présidentielle s'annonce d'ores et déjà décisif. Ce duel Morsi-Chafik devrait être confirmé aujourd'hui par la commission électorale, qui doit annoncer les résultats officiels. Mais la tension est déjà montée et le débat bas son plein dans une Egypte en plein bouleversement politique. Un haut responsable des Frères, Essam el-Erian, a vivement critiqué le candidat Chafik, le militaire ami de Moubarak, affirmant que son élection mettrait «la nation en danger». «La révolution est en danger. Nous avons besoin d'un pays démocratique. Chafik est contre la démocratie», ont averti les dirigeants des Frères. Le candidat Ahmad Chafik a, de son côté, répliqué promettant de «restaurer la révolution» qui serait menacée, selon lui, par le «nouvel» ordre des islamistes. Les résultats de ce premier tour, publiés par la presse égyptienne sur la base de résultats quasi-définitifs, sont aussi sujets à des lectures diverses. Les deux candidats en tête ont eu respectivement 24,9% et 24,5% des voix, suivis avec 21,1% par un candidat de la gauche nationaliste arabe, Hamdeen Sabbahi. La déroute de certains candidats longtemps donnés parmi les favoris a été également considérée comme une surprise.A l'image de l'ancien chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, et de l'islamiste modéré Abdelmoneim Aboulfoutouh. Ce dernier a affirmé vouloir désormais faire barrage à Chafik, symbole de l'ancien ordre. Morsi et Chafik sont apparus en franche opposition et leur confrontation au second tour pourrait particulièrement diviser le pays. Considéré comme «le candidat de rechange» des Frères, Mohammad Morsi se retrouve ainsi propulsé à une situation inédite dans l'histoire politique de l'Egypte. Les Frères musulmans, mouvement interdit sous l'ancien régime, se retrouvent à la porte de la présidence. Ils se pourraient ainsi se voir en position dominante au niveau de l'exécutif comme du législatif faisant basculer le pays dans l'inconnu. Finalement c'est le scenario le plus redouté par les révolutionnaires de la place Tahrir et les tenants du changement qui se présente devant eux : un candidat des Frères musulmans face à un militaire de l'ancien régime. Au deuxième tour les Egyptiens seront face à un choix cornélien. Entre le statu quo ou l'inconnu. M. B./Agences