Le Nepad, tout le monde en parle, mais en Afrique on ne voit rien venir. L'Algérie, un des cinq pays initiateurs du Nepad a pris part hier dans la capitale française, au forum pour le partenariat avec l'Afrique. C'est M.Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines qui a représenté notre pays à cette importante rencontre internationale. Organisé à l'initiative du président français Jacques Chirac, qui en a présidé la cérémonie inaugurale d'ouverture, ce forum se veut un cadre de dialogue élargi, de haut niveau, entre les pays du G8 et ceux du Nepad. Il a pour objectif d'impliquer, pour la première fois, outre les représentants de ces deux institutions et de l'Union africaine, l'ensemble des partenaires au développement de l'Afrique, les institutions financières internationales ainsi que de nombreuses agences de développement du système des Nations-unies. Cette réunion se tient suite à la décision prise par les chefs d'Etat et de gouvernement des deux parties, le G8 et le Nepad lors de leur dernière rencontre au sommet, en juin dernier à Evian en France. En ouvrant les travaux de cette première réunion du genre, le président français Jacques Chirac, a affirmé qu'il «n'y aura pas de mondialisation réussie sans développement de l'Afrique». Il a aussi rappelé que l'esprit de partenariat a pris corps «autour d'un double engagement». Celui des pays africains à «conduire des politiques de développement ambitieuses et déterminées» et celui de la communauté internationale de «leur apporter un appui politique et financier à la hauteur de l'enjeu». S'écartant du texte de son discours, le chef de l'Etat français a dit avoir été frappé lors de ses récents voyages en Afrique, par le nombre de jeunes, qui seront pas moins de 800 millions à avoir moins de 20 ans en 2025. De ce fait, et de l'avis de Chirac, «cette jeunesse peut être une bombe à retardement, (et) alors le monde sera ébranlé» Pour lui, «ces jeunes n'accepteront pas, ne tolèreront pas d'être marginalisés et ils seront suffisamment nombreux pour imposer au monde des drames et des difficultés insurmontables. Il est temps d'en prendre conscience, il ont actuellement entre 5 et 15 ans». Doté d'une manne financière de 60 milliards de dollars pour une soixantaine de pays, le Nepad, qui se veut autant une démarche de gestion rationnelle des ressources du continent, qu'un mode de gouvernance politique et institutionnelle, est conditionné cependant pour sa réussite par l'aide désintéressée de l'Occident. Accroître les efforts des pays riches pour construire la paix sur ce continent, combattre la mauvaise gouvernance et la corruption pour permettre le développement de cette partie du monde, l'une des plus pauvres de la planète, ont été les maîtres-mots du chef de l'Etat Français. Mais, au-delà de ce discours alarmiste et paternaliste français, les observateurs ont relevé que Paris ne fait que combattre la mondialisation telle que prônée par les Etats-Unis d'Amérique afin de sauvegarder uniquement ses propres intérêts dans la région. La France ne tient-elle pas à bout de bras et depuis très longtemps des régimes politiques africains dictatoriaux et totalement corrompus, tout en se présentant comme le chantre de la démocratie et des droits de l'Homme? C'est pour cela d'ailleurs que le président français a reconnu que «des obstacles immenses se dressent sur notre route», celle de la mise à niveau de l'Afrique avec le reste du monde développé.