Le président paraguayen Fernando Lugo a accepté vendredi soir de quitter le pouvoir peu après avoir été officiellement démis de ses fonctions à l'issue d'un procès politique en destitution expédié en quelques heures devant le Sénat. Quelques minutes plus tard, l'ex-vice-président Federico Franco, 49 ans, a immédiatement été investi, conformément à la constitution, lors d'une brève cérémonie au Congrès d'Asunción. A 18h27 locales (22h27 GMT), un total de 39 sénateurs sur les 43 présents, soit plus des deux tiers requis, ont déclaré Fernando Lugo coupable des accusations formulées contre lui, entraînant sa destitution immédiate. M.Lugo, à qui il restait un peu plus d'un an de mandat, était accusé d'avoir «mal rempli ses fonctions» à la suite des heurts qui ont provoqué la mort de 11 paysans sans-terre et six policiers lors d'une opération visant à déloger les occupants d'une propriété agricole le 15 juin dans le nord-est du pays. Pendant la séance, quatre sénateurs ont dénoncé un procès expéditif constituant selon eux une atteinte à la démocratie paraguayenne. «Je me soumets à la décision du Congrès», a réagi peu après M.Lugo dans une déclaration à la Présidence, affirmant que «c'est l'histoire paraguayenne, sa démocratie, qui ont été profondément blessées». «Aujourd'hui je me retire comme président, mais pas comme citoyen paraguayen», a-t-il ajouté, tout en appelant ses partisans au calme. L'ex-évêque de 61 ans, premier président de gauche après 62 ans de pouvoir du parti Colorado (conservateur), a ensuite quitté le bâtiment à bord d'un convoi automobile vers une destination inconnue. Quelques minutes plus tard, son vice-président Federico Franco a prêté serment, revêtu l'écharpe tricolore et le bâton de commandement devant les caméras de télévision, lors d'une rapide cérémonie au siège du Parlement bicaméral. «Il s'agit de l'engagement le plus important qui soit et je ne pourrai le remplir qu'avec l'aide et la collaboration de chacun d'entre vous», a déclaré M.Franco peu après son investiture, aux côtés de son épouse, la députée Emilia Alfaro.