Promesses de préserver les acquis de la «révolution», de garantir les droits de la minorité chrétienne et de ne pas forcer les femmes à porter le voile. Le Frère musulman Mohamed Morsi, vainqueur de la première présidentielle en Egypte depuis la chute de Hosni Moubarak, a cherché durant sa campagne à gommer son image d'apparatchik islamiste pour se poser en champion du changement et du rassemblement au-delà de sa confrérie. Promesses de préserver les acquis de la «révolution», de garantir les droits de la minorité chrétienne et de ne pas forcer les femmes à porter le voile: M.Morsi a multiplié les assurances, séduire au-delà des islamistes. Il s'est engagé dans une récente allocution à travailler «main dans la main avec les Egyptiens pour un avenir meilleur, pour la liberté, la démocratie et la paix». Il a aussi promis de «servir tous les Egyptiens» quelle que soit leur obédience politique ou religieuse. Ingénieur diplômé d'une université américaine, Mohamed Morsi, 60 ans, avait été surnommé la «roue de secours» car il avait remplacé au pied levé le premier choix de la confrérie, Khaïrat al-Chater, dont la candidature a été invalidée en raison d'une condamnation dont il a été l'objet du temps du président Moubarak. Peu charismatique, il pose en costume bleu avec un regard timide sur ses affiches qui le montrent au côté d'Egyptiens, dont une femme en niqab, une autre portant le foulard et une non-voilée, ou encore un pope copte. Sur la défensive lors de ses premières apparitions publiques, il n'avait, aux yeux de nombreux experts, pas le profil d'un favori. Mais au fil de la campagne, il a pris de l'assurance et du mordant, bénéficiant en outre de l'immense réseau militant des Frères musulmans. Depuis des décennies, les Frères musulmans sont très actifs au plan social et caritatif, ainsi que dans les syndicats professionnels. Et la chute du régime Moubarak leur a permis de sortir de la semi-clandestinité politique. «Nous avons contré (la campagne négative) des médias en rencontrant personnellement les gens», a expliqué à Essam al-Eriane, vice-président de la vitrine politique des Frères, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ). Le PLJ, dirigé par M.Morsi, a raflé près de la moitié des sièges de députés lors des législatives cet hiver. Le scrutin a toutefois été invalidé mi-juin par la Cour constitutionnelle au motif d'irrégularités dans la loi électorale. M.Morsi s'est présenté comme le «seul candidat avec un programme islamiste», partisan d'un «projet de renaissance» fondé sur les principes de l'Islam. Il souhaite des relations «plus équilibrées» avec Washington et menace de revoir le traité de paix avec Israël si les Etats-Unis bloquent leur aide à l'Egypte. Né dans le gouvernorat de Charqiya, dans le delta du Nil, M.Morsi est diplômé d'ingéniérie de l'Université du Caire en 1975 et il a obtenu en 1982 un doctorat de l'Université de Caroline du Sud, aux Etats-Unis. Il est marié et père de cinq enfants. Militant du Comité de résistance au sionisme, un groupe anti-israélien, il a consacré le plus clair de son activité aux Frères musulmans. Il a été élu député en 2000 puis réélu en 2005, avant d'être emprisonné pendant sept mois pour avoir participé à une manifestation de soutien à des magistrats réformistes. En 2010, il est devenu porte-parole de la confrérie et membre de son bureau politique. Il a été à nouveau brièvement emprisonné le 28 janvier 2011, trois jours après le début de la révolte populaire qui a provoqué la chute de M.Moubarak.