Une équipe conquérante L'Espagne s'est qualifiée pour les demi-finales de l'Euro-2012 en battant la France (2-0) en quarts, grâce à la maestria de son milieu de terrain, samedi à Donetsk. Les champions du monde 2010 et d'Europe 2008 sont donc désormais à deux marches d'un exploit jamais réussi jusqu'ici dans l'histoire du football: un triplé Euro-Mondial-Euro. Il leur faudra maintenant surmonter en demies l'obstacle du Portugal, dans un match fratricide pour les Madrilènes de l'équipe: Ronaldo le Portugais, mais aussi Pepe et Fabio Coentrao seront opposés à leurs compagnons du Real Ramos, Xabi Alonso et Casillas, entre autres. S'ils étaient entrés dans le tournoi de manière un peu poussive face à l'Italie (1-1), avant de piocher à nouveau face à la Croatie (victoire serrée 1-0), les Espagnols ont cette fois su passer la vitesse supérieure, comme ils l'avaient fait lors de leur Mondial victorieux en Afrique du Sud après leur défaite initiale face à la Suisse (1-0). Samedi, ils sont venus à bout d'une France volontaire, mais dont les plans défensifs ont très vite été bouleversés par la rapide ouverture du score de Xabi Alonso (19). Bien sûr, certains problèmes entrevus lors de la phase de poules demeurent: la difficulté à marquer des buts notamment. Et il aura fallu le penalty obtenu par Pedro, pour que Xabi Alonso fête sa 100e sélection avec un doublé (90+1). La solution retenue par Del Bosque de jouer avec Fabregas en "neuf menteur" plutôt qu'avec un véritable avant-centre ne convainc donc pas encore tout à fait, car la "Seleccion" semble réellement peiner avec un tel système à conclure rapidement ses actions. Mais force est de reconnaître que cette option l'emporte tout de même sur la titularisation d'un Torres qui, entré pour les 25 dernières minutes, est encore resté discret et muet face à la France. Le bilan pour l'Espagne après quatre matchès est tout de même largement positif: le "tiki-taka", jeu de combinaisons en passes répétées et marque de fabrique de la maison rouge, tourne désormais à plein régime. Si Iniesta, jusqu'ici flamboyant avec la Roja, a été un peu plus discret face à la France, Xavi l'a secondé avec brio, le triple Ballon de bronze (2009, 2010, 2011) distribuant les ballons avec une maîtrise impressionnante. La défense elle aussi, a une nouvelle fois donné satisfaction. Après quelques flottements face à l'Italie, le jeune duo Piqué-Ramos semble maintenant avoir réglé la mire. A Donetsk, leur association a notamment bien contenu les tentatives de Karim Benzema. Avec un seul but encaissé durant tout l'Euro, la Roja peut d'ailleurs se targuer de posséder la meilleure défense du tournoi. Enfin, en éliminant samedi des Bleus inoffensifs en première période, à peine plus mordants en deuxième, l'Espagne a non seulement gravi un échelon supplémentaire vers son Graal, mais elle s'est aussi fait du bien au moral. Jamais encore en match officiel, la Roja n'avait en effet réussi à battre les Bleus. Comme l'avait annoncé Del Bosque avant le match: «Samedi, nous essaierons de faire mentir le passé et d'imposer notre présent.» Le match de samedi en a été la brillante démonstration. Le traumatisme du Mondial-2006, quand Zidane et les siens avaient éliminé une Espagne un peu trop sûre d'elle-même en 8e de finale, est désormais bien évacué.