Cet amendement au projet de loi de finances ne change malheureusement pas grand-chose au fond du problème. Les membres de l'Assemblée populaire nationale ont voté hier matin le projet de loi de finances et du budget 2004 après adoption d'une série d'amendements. L'un des amendements apportés concerne les boissons alcoolisées alors que le second a trait à l'importation de véhicules. Dans ce sens les députés ont approuvé à la majorité l'interdiction d'importation de boissons alcoolisées à partir de l'année prochaine et l'annulation de l'article 16 du projet de loi relatif aux prix de référence des boissons alcoolisées. En outre les représentants du peuple ont annulé l'article 43 du projet relatif à l'importation de véhicules usagés et approuvé la reconduction de l'autorisation d'importation de voitures usagées de tourisme de moins de trois ans jusqu'au 31 décembre 2004 avec interdiction d'importation de véhicules utilitaires usagés. Si le second point est passé comme une lettre à la poste, le premier a soulevé l'ire du ministre des Finances, M.Abdelatif Benachenhou. Le représentant du gouvernement tout en reconnaissant la souveraineté de l'APN a néanmoins estimé que cette mesure contredit les engagements de l'Algérie au niveau international. «Au nom du gouvernement, je déclare que cet amendement s'oppose aux engagements pris par l'Algérie au niveau international'', a-t-il souligné. Dans une déclaration à la presse, M.Benachenhou a affirmé que ‘'le commerce international ne reconnaît pas l'interdiction de l'importation'' ajoutant que ‘' les exportations algériennes pourraient connaître le même sort''. En effet dans le cadre de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, ce genre d'interdiction est révolu. L'autre fait ayant marqué ces débats a trait à l'importation de véhicules. La commission de finances de l'APN s'est prononcée en faveur d'une prolongation jusqu'à la fin de l'année 2004 de l'importation de véhicules de moins de trois ans, alors qu'elle a rejeté le maintien de cette disposition pour les véhicules utilitaires, de transport de voyageurs et de marchandises. Cet amendement ne change malheureusement pas grand chose au fond du problème. En effet, c'est depuis 1998 que les députés tentent d'amender l'article 43 de la loi des fiances sans arriver à leurs fins. Vieille de plus de 10 ans, l'idée d'interdire l'importation de véhicules (moins de 3 ans), pour à la fois rajeunir le parc automobile national et favoriser l'investissement dans l'industrie de montage en Algérie est enfin arrivée à passer le cap des lois de finances où elle est à chaque fois remise en cause. Une telle décision si elle est appliquée dès 2005 permettra à l'Algérie d'entamer l'une des premières démarches lui permettant d'adhérer à l'OMC et, par ricochet, battre en brèche le fallacieux argument selon lequel un véhicule de moins de 3 ans directement importé de l'étranger reviendrait moins cher qu'un véhicule neuf acheté chez un concessionnaire installé en Algérie. Cet amendement conforte davantage M.Benachenhou dans sa logique pour avoir insisté sur le maintien de la disposition relative à l'interdiction de l'importation de véhicules de moins de trois ans. En adoptant cet amendement l'Algérie pourrait dès lors engager une véritable politique commerciale et pouvoir négocier directement avec les constructeurs automobiles selon l'argentier du pays. Tout en reconnaissant l'existence d'une certaine anarchie dans l'importation de véhicules par les concessionnaires M.Benachenhou prône une meilleure organisation du marché de l'automobile. Dans son réquisitoire le ministre des Finances a eu le soutien de son collègue des transports qui avait fait un véritable plaidoyer pour la prévention routière et la lutte contre la pollution mais aussi contre les pièces de rechange Taiwan. Des fléaux engendrés directement par la vétusté du parc automobile national et qui ouvrent la voie aux mercantilistes et trabendistes de tout bord qui profiteraient de la conjoncture pour ruiner l'économie nationale en ayant pignon sur le marché informel de la devise. Pourtant, les Algériens ont beaucoup plus à gagner dans l'achat d'un véhicule neuf beaucoup moins cher et mécaniquement plus fiable qu'une voiture d'occasion importée sans avoir subi le contrôle technique préalable, pourtant exigé par la législation algérienne. En outre l'interdiction de l'importation de véhicules de moins de trois ans d'âge est de nature à favoriser l'émergence d'unités de montage en Algérie. D'ailleurs l'Algérie a déjà raté l'occasion avec Fiat qui avait requis comme gage de son installation dans notre pays l'arrêt ou au minimum une réduction significative des véhicules d'occasion importés. Une exigence que les pouvoirs publics algériens n'ont jamais pu satisfaire, ce qui a entraîné l'abandon de l'investissement que Fiat avait décidé de faire à Tiaret. Que de temps perdu depuis lors!