Jeudi prochain, l'Algérie, célèbre le 50e anniversaire de l'Indépendance. Un moment important dans la jeune vie de la nation algérienne. Mais, que connaît la jeune génération - cette «génération post-Indépendance - des hommes qui, un jour, décidèrent de prendre les armes contre la quatrième puissance militaire de l'époque pour libérer le pays du joug colonial?» Des hommes assez «fous» pour «oser» défier la France? Les pertes que subissaient les forces d'occupation françaises firent comprendre à la France que ce qu'elle s'obstinait à qualifier «d'évènements d'Algérie» était bel et bien une guerre de libération. De fait, avec la guerre du Vietnam, la Guerre d'Algérie qui s'avéra être la plus grande remise en cause de l'ordre colonial de l'après Grande guerre (1939-1945) constitua un tournant irréversible, annonçant la chute des empires coloniaux dans le monde. Une ère nouvelle s'ouvrait ainsi pour les peuples colonisés. Cela est parti d'une étincelle allumée une nuit de novembre 1954 en Algérie. Comment ces fantastiques faits d'armes n'ont-ils pas eu plus de retentissement et ne suscitèrent pas, autant que ça, de livres, de documentaires et de films, afin que tous sachent, que nul n'oublie? Sans doute, qu'il faudra attendre le 5 Juillet 2062 et le Centenaire pour rétablir ce qui a été grandiose dans la Révolution? En attendant, il est légitime de s'interroger sur ce ratage - ç'en est un - surtout quand au long de ces années d'indépendance, l'Histoire et le manuel scolaire sont demeurés muets, n'ont pas immortalisé cette épopée de la guerre de Libération et honoré les Hommes qui l'ont conduite et portée. Ce questionnement est d'autant plus juste qu'il n'y eut pas de réponses concrètes à ces questions pourtant simples: qui étaient ces Hommes audacieux qui décidèrent d'ouvrir les hostilités avec la France? D'où viennent-ils? Quels parcours ont été les leurs? Ils étaient 22 à croire à cette idée insensée de démocratie et de liberté et surtout à celle plus absurde, sans doute, qu'il était possible de bouter hors du pays la quatrième puissance mondiale de l'époque. Des farfelus? Un peu oui, à voir des Algériens (cette qualification identitaire n'existait pas en 1954) penser pouvoir battre la grande puissance française. Mais ils avaient la foi qui ébranle les montagnes. En fait, pour eux, il ne s'agissait pas de battre militairement la France, mais de faire admettre le postulat qu'il y avait un peuple différent, qui pensait différemment et qui croyait autrement: le peuple algérien. Vivre libre sans la tutelle de la France. Oui, cela était possible. Ce sont ces Héros, dont des dizaines de milliers d'entre eux sont demeurés anonymes, qui ont écrit en lettres de sang le brouillon du premier chapitre d'une histoire de l'Algérie en devenir. Il appartenait aux survivants de compléter ce chapitre et faire connaître l'épopée de ces hommes, donner à chacun la place qui lui est due dans le Panthéon de la Révolution. Or, ces Héros restent à connaître, à immortaliser. Cinquante ans après l'Indépendance, cinquante-huit ans après le déclenchement de la Révolution de Novembre 54, rien n'a été écrit sur cette épopée mémorable et il en est qui en sont encore à confisquer ses faits d'armes s'arrogeant le droit de dire ce qu'il faut ou non, écrire sur l'Histoire de la Révolution, sur ses hommes, sur les péripéties de l'Indépendance. L'Histoire, qui devait enseigner à la jeunesse algérienne ce qu'ont été les luttes du peuple algérien tout au long des siècles pour conserver son identité, a été phagocytée par une histoire «sélective» de laquelle a été éliminé tout ce qui n'entrait pas dans les «normes». En fait, c'était là l'une des amères réalités de l'Indépendance, l'Algérie qui pensait avoir recouvert sa souveraineté s'est retrouvée sans mémoire quand les Héros de la Révolution restaient méconnus d'une jeunesse tenue dans l'ignorance de fait d'armes qui ont à jamais changé la face du monde: la Guerre d'Algérie n'a-t-elle pas libéré l'Afrique du joug colonial par l'effondrement des empires français, britannique, portugais et espagnol? Le problème est qu'en 2012, qui connaît réellement les actes et faits de ces Héros dont la mémoire se dilue peu à peu dans la brume du temps?