Il y a quatorze ans disparaissait celui qui a voué toute sa vie au théâtre algérien. Un matin d'automne de l'année 1989, le théâtre algérien devenait orphelin en perdant l'un de ses illustres hommes de scène. Malek Bouguermouh, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est né en 1946 à Ouzellaguen dans la vallée de la Soummam, celle-là même qui a abrité le congrès de la Soummam un certain 20 août 56. Très jeune, il s'imprégna d'une vie faite de hauts et de bas qu'il capitalisera plus tard. Il avait dix ans quand la révolution éclata. Comme tous les enfants de l'époque, il grandit dans des conditions particulières faites de guerre et de toutes ses conséquences sur un enfant. Au lendemain de l'indépendance, alors qu'il n'avait que 22 ans, il quitta le pays pour une formation en art dramatique en Union soviétique. A Moscou, il suivit des cours de théâtre à l'institut Gitis. Tout au long de cette formation qui dura cinq ans, Malek Bouguermouh fréquenta les théâtres de la ville. Ayant bénéficié d'une formation de qualité, il retrouve dès la fin de la formation son pays natal pour se consacrer au quatrième art non sans avoir vécu un long passage à vide de quelques années. Cela ne pouvant assurément pas freiner un homme qui ne vivait que pour son amour pour le théâtre, il quitte sa Kabylie natale pour la capitale. A Alger, il prend les commandes d'un atelier d'art dramatique. Sa première oeuvre ne sera signée qu'en 1979. C'était Il était une fois, une pièce de théâtre pour enfants. La qualité de ce produit artistique le fera rapidement se distinguer sur la scène internationale. Il obtint, en effet, le premier prix au Festival du théâtre pour enfants en Yougoslavie où le défunt représentait l'Algérie. Son autre produit, très connu au demeurant, El Mahgour, ce spectacle professionnel, premier du genre, fut adapté d'une pièce de Slimane Benaïssa. Il fut produit pour la télévision algérienne en 1979. D'autres pièces verront ensuite le jour, on citera Tarik Essaâda adaptée de l'oeuvre du dramaturge Rosov. En 1988, il fut nommé au poste de directeur du Théâtre régional de Béjaïa. Un poste qu'il ne quittera pas jusqu'à sa mort. C'est d'ailleurs sous sa houlette que le TRB fut ressuscité. Tout au long de son passage au TRB, soit jusqu'à sa disparition, Malek marquera tous les amoureux de cet art qui, jusqu'à ce jour, se remémorent les moments de détente passés dans cet édifice culturel qui allait, en un temps record, retrouver sa réputation. Aidé par une jeune équipe de comédiens, il montera des pièces très célèbres. Hzam el ghoula suivie un an après de Rjal ya hlalef sont autant de produits qui font la notoriété de l'homme. Alors qu'il atteignait le summum de sa carrière, il disparaît tragiquement laissant derrière lui un héritage inestimable pour les générations futures. Repose en paix Malek!