Eternelle Warda Kouider Berkane, qui a accompagné Fella Ababsa, Khaled et autres, met à l'aise, sans aucune duplicité, tout chanteur qui se met à fredonner une chanson orientale. La 5e édition du Festival de la chanson et de la musique oranaises, qui a pris fin mardi soir dans une ambiance exceptionnelle, a été dédiée à l'ambassadrice de la chanson algérienne, récemment décédée en Egypte, Warda El Djazairïa. L'initiative a émané de la sulfureuse Samia Benabi qui a émerveillé les présents en leur proposant, sans aucune fausse note, un bouquet composé de plusieurs chansons appartenant à la défunte Warda El Djazaïria, à commencer par l'hymne de la dignité, Aïd El Karama. La chanson exige une grande concentration et d'importantes capacités vocales. Samia Benabi, habituée des grands challenges, n'a pas été déroutée là ou plusieurs ont échoué en reprenant les chansons de la défunte Warda. Aussi, ce qui a agrémenté au mieux son show est cette présence rassurante du célèbre chef d'orchestre, Kouider Bouziane. La présence sur scène de cet homme, qui a accompagné des années durant Fella Ababsa, Khaled et tant d'autres, met à l'aise, sans aucune duplicité, tout chanteur qui se met à fredonner la musique orientale. Le baisser de rideau de la 5e édition a eu lieu mardi soir en présence des artistes et des rescapés des mutations qu'ont connues la musique et la chanson oranaises, à commencer par le célèbre Maâti El Hadj. Ce dernier a, lui aussi, réussi à émerveiller les présents en leur proposant un autre bouquet de chants patriotiques intitulé Bladi El Djazaïr. L'occasion s'y prêtait, étant donné que l'Algérie s'apprête à célébrer l'une des plus importantes escales de son histoire contemporaine, le 50e anniversaire de son indépendance. Le tribut payé pour le recouvrement de cette identité et cette souveraineté nationales est lourd. Les artistes algériens, notamment ceux de l'Ouest, sont plus que conscients de cette évidence pour laquelle des hommes valeureux comme Ahmed Zabana ont sacrifié leur vie. L'exécution de cet homme a eu lieu un fatidique 19 juin 1955. Les artistes locaux et nationaux ne sont ni dupes ni amnésiques tandis que le Festival de la chanson oranaise tombe à pic pour que sa mémoire soit ressuscitée en lui rendant un vibrant hommage. En effet, plusieurs artistes de l'Oranie qui se sont relayés sur la scène du Théâtre de verdure lui ont consacré des passages entiers glorifiant l'homme qui a, et à deux reprises, fait face avec un courage inouï, à la guillotine coloniale avant que cette dernière ne lui ôte la vie, la troisième fois. Ainsi, la 5e édition du Festival de la chanson et de la musique oranaises a été consacrée cette année à «l'histoire et l'apport de la chanson dans le combat des Algériens pour le recouvrement de la souveraineté nationale». Le festival, dont une importante partie a été consacrée à la découverte et la formation des jeunes talents, a été clôturé mardi soir par les résultats du concours. Les membres du comité de jury ont vu juste en attribuant la première place à la jeune artiste Haddad Assia, la deuxième place est revenue à Aya Baghdadi tandis que la plus jeune concurrente, Celia Ould Mohand a obtenu la troisième place au classement. Des prix et des diplômes leur ont été remis et plusieurs centaines de présents ont scandé le retour sur scène de Celia pour leur fredonner un morceau des Quatrains de Cheikh El Medjdoub. Chose demandée, chose exhaussée avec le consentement du chef d'orchestre Kouider Berkane qui n'a pas lésiné sur aucun effort pour diriger l'orchestre. Les jeunes présents, en particulier, ne sont pas restés sur leur soif puisque les organisateurs du festival ont estimé juste d'inclure la musique raï et ce, en faisant appel à cheb Abbès qui a, aussitôt sur scène, enflammé le Théâtre de verdure d'Oran.