C'est à l'aube que le kamikaze décide de passer à l'acte criminel l'attaque a ciblé le siège du 4e Commandement régional de la Gendarmerie nationale situé au centre-ville. Vers 5h15 du matin en ce vendredi caniculaire, une violente explosion extrait de leur sommeil les habitants de Ouargla. Le siège du 4e Commandement régional de la Gendarmerie nationale situé au centre-ville vient d'être attaqué. «Un attentat à la voiture piégée a été perpétré dans la matinée de ce vendredi 29 juin 2012 (05h15), contre le siège du 4e Commandement régional de la Gendarmerie nationale situé au centre-ville de Ouargla», a rapporté hier, un communiqué du ministère de la défense nationale envoyé à notre rédaction. «Devant la riposte rapide des gendarmes, le véhicule a heurté les obstacles placés à l'entrée principale du siège avant de s'exploser» a ajouté le communiqué précisant que «l'explosion ayant causé le décès d'un gendarme en poste et la blessure de trois autres éléments, a également occasionné des dégâts matériels au poste de contrôle». C'est à l'aube que le kamikaze décide de passer à l'acte criminel, néanmoins la vigilance des gendarmes a permis de limiter les dégâts humains. Des sources sécuritaires confient que des experts en explosifs devront déterminer la nature des charges et établir leur origine et provenance. Prendre pour cible la wilaya de Ouargla est autant un facteur indicatif pour les services de sécurité, c'est le coeur économique et le poumon de l'Algérie qui vient d'être frappé de plein fouet. Située aux portes du Sud, à 800 km au sud d'Alger, la wilaya de Ouargla constitue l'accès principal aux sites pétroliers de Hassi Messaoud. L'attentat intervient à un moment particulier dans l'histoire de l'Algérie qui s'apprête à célébrer le Cinquantenaire de son Indépendance, mais aussi au lendemain du discours du président de la République à Cherchell, et notamment celui du général-major Gaïd Salah. Si l'un a rendu hommage à l'ANP, héritière de l'ALN, l'autre a été plus précis, en soulignant que l'ANP est prête à affronter toutes les menaces, aussi bien intérieures qu'extérieures. A l'évidence, cette attaque reproduit les mêmes faits que ceux du 3 mars dernier, quand un kamikaze procédant avec la même stratégie a pris pour cible le groupement de la Gendarmerie nationale à Tamanrasset. Le bilan avait fait état de 23 blessés dont des civiles et des éléments de la Protection civile. L'attentat avait été revendiqué par le mouvement de l'Unicité et du Jihad en Afrique de l'Ouest. Le même groupe dissident d'Al Qaîda au Maghreb islamique était à l'origine de l'enlèvement des ressortissants européens, deux Espagnoles et une Italienne et qui tient en otage les sept diplomates algériens au Mali. Durant les années 1990, la presse et l'opinion publique n'avaient pas manqué de s'interroger sur le fait que Ouargla soit épargnée des attentats terroristes qui faisaient l'actualité à travers pratiquement toute l'Algérie. En effet, la capitale du Sud avait miraculeusement échappé à la folie meurtrière des groupes armés pendant une décennie, mis à part quelques tentatives enregistrées et dont l'objectif était surtout d'impressionner l'opinion publique et de l'emmener à croire que le terrorisme était capable de frapper partout. Il est à rappeler dans ce contexte que la ville de Ouargla avait défrayé la chronique dès 1990 avec cette fameuse affaire d'incendie de la demeure d'une femme qui vivait seule et que les intégristes avaient accusé de prostitution. Cette affaire avait fait la une des journaux pendant une semaine. L'extrémisme religieux venait de s'annoncer avec violence dans l'une des villes garnison les plus protégées du pays à cause de sa proximité des champs pétrolifères de Hassi Messaoud. Ouargla a été médiatisée aussi suite à l'instauration d'un laissez-passer pour tous les citoyens désireux rejoindre Hassi Messaoud et ses environs, et à la mort tragique du général Saïdi Fodil qui était commandant de la 4e Région militaire, dans un accident de la circulation. A travers ce bref rappel, l'attentat kamikaze d'hier apparaît comme une suite logique à l'anarchie qui règne depuis plusieurs mois au niveau des frontières Sud. Il constitue à cet effet un grand défi à l'Armée nationale populaire qui vient de créer deux sous-régions militaires au niveau de cette zone afin de consolider le dispositif sécuritaire mis en place après l'éclatement de la crise libyenne. L'attaque contre le siège du commandement régional de la gendarmerie traduit une sérieuse menace qui prend naissance au sud du pays. Le fait est assez rare pour qu'il ne soit pas signalé, particulièrement dans un contexte aussi explosif que celui qui s'élargit rapidement à partir du Mali. Un pays rongé par une instabilité politico-sécuritaire et socio-économique depuis plusieurs mois. L'une des plus importantes villes du Mali, le Gao, où ont été kidnappés les sept diplomates algériens, est désormais entre les mains des groupes terroristes. Les conséquences peuvent s'avérer très néfastes. Les premiers signes se ressentent déjà en Algérie.