Les habitants de la ville de Ouargla ont été brusquement réveillés, hier vendredi, par une impressionnante déflagration. C'est aux environs de 4h40mn du matin qu'une énorme explosion est entendue près du quartier abritant les principales casernes militaires de Ouargla. En fait, c'est le siège du Commandement régional de la gendarmerie nationale qui est visé par cet attentat, perpétré par un kamikaze au volant d'une voiture piégée bourrée d'explosifs. Selon les premiers témoignages, il aurait tenté de pénétrer en force dans la caserne pour faire le maximum de dégâts, mais il a été heureusement empêché par les gardes en faction à l'entrée de la caserne qui avaient tiré sur le terroriste avant que son véhicule n'explose. L'attentat a occasionné des dégâts à l'entrée principale du siège du Commandement de la gendarmerie et à des bâtisses avoisinantes. Cet attentat a fait un mort ainsi que trois blessés légers parmi les gendarmes, selon un bilan provisoire. Le siège du Commandement régional de la gendarmerie nationale est implanté dans une zone caractérisée par une forte concentration de casernes et des cités résidentielles de familles de militaires. Ouargla abrite en fait le siège de la 4ème Région militaire dont la zone d'autorité s'étend jusque vers les frontières algéro-libyennes. Cet attentat, qui n'a pas été revendiqué pour le moment, même si des pistes sérieuses sont déjà envisagées pour déterminer ses auteurs, est le second contre une institution militaire algérienne dans le sud du pays, après celui de Tamanrasset, siège de la 6ème Région militaire. L'attentat de Ouargla rappelle en fait celui de Tamanrasset, le 3 mars dernier, au cours duquel les terroristes avaient utilisé pratiquement le même «modus operandi»: un kamikaze conduisant une voiture bourrée d'explosifs. Cet attentat, qui avait fait 23 blessés et un mort (le kamikaze), avait été revendiqué par le Mouvement unicité et jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un groupe islamiste lié à Al-Qaïda mais dissident d'Aqmi. Moins de trois mois après sa création, plutôt sa dissidence avec Aqmi, le Mujao avait signé son premier attentat à Tamanrasset, où jamais un attentat à l'explosif n'a été commis. L'attentat avait, là également, visé le siège du Groupement de la gendarmerie de la wilaya de Tamanrasset. Pour beaucoup, le Mujao avait en fait visé symboliquement Tamanrasset du fait qu'elle abrite le siège des forces militaires des pays du «Champ» du Sahel, les états-majors des armées de l'Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger et dont la mission est de lutter contre les groupes terroristes d'Aqmi au Sahel. L'attentat de Ouargla porterait, du moins, la «marque de fabrique» du Mujao, dont la présence dans le sud du pays devient inquiétante avec deux graves précédents, des attentats à la voiture piégée aux multiples interrogations dans une région jusque-là épargnée par le terrorisme.