Alors qu'on pensait que l'ouverture audiovisuelle était assurée, on se rend compte de jour en jour que l'Algérie est plus que jamais en retard en matière de développement et surtout en matière de maturité audiovisuelle. Quelques semaines après la fin de la campagne politique pour les législatives, l'Entv a refermé le champ audiovisuel aux partis politiques laissant le débat politique s'installer sur les autres télévisions algériennes, accréditées en Algérie en tant que télévisions étrangères. Trois télévisions nationales se partagent l'actualité politique nationale avec son lot de conflits et de conséquences fastes et néfastes suite aux résultats de l'élection législative: Ennahar TV, Echourouk TV et Al Djazaïria TV. Chaque télévision a ses faiblesses et ses forces, mais elles ont un dénominateur commun: battre l'Entv et l'effacer définitivement de la télécommande des Algériens. Pour ce faire, chaque chaîne privée algérienne possède son programme d'émission politique: Akher Kalem pour Ennahar TV, Ouakt Essah sur Al Djazaïria TV et El ahdath sur Echourouk TV. Et chaque télévision a sa propre vedette à l'écran: Habet Hannachi pour Ennahar TV, Hmida Ayachi pour Al Djazaïria TV et Leïla Bouzidi pour Echourouk TV. Hormis Leïla Bouzidi qui a une expérience audiovisuelle de plus de dix ans avec l'Entv, Khalifa News, CNBC, Med 1 TV et Al arabya, les deux autres journalistes vedette viennent de la presse écrite. Hmida Ayachi est connu pour avoir «osé» poser la question populaire sur le prix de la pomme de terre lors d'une émission, en 1999, au candidat Bouteflika. Il réédité le coup en 2004 en obtenant par la même occasion une bonne réponse de Bouteflika. Une question qui avait donné l'occasion au candidat de démontrer qu'il est proche des préoccupations du peuple. Habet Hannachi est, pour sa part, moins connu des téléspectateurs. Il avait acquis cette faculté rare d'être un intervieweur professionnel intraitable, mais impitoyable face aux invités. Dans cette recomposition des cartes politiques sur les télévisions privées, on observe de loin et de l'intérieur leur positionnement politique. Echourouk TV et Ennahar TV s'intéressent plus aux partis islamistes et conservateurs comme le FLN, alors qu'Al Djazaïria TV qui apparait avec sa couleur verte s'intéresse aux partis républicains comme le RND, le FFS ou encore le MPA. Hier, Hmida Ayachi avait accueilli un invité qui fait l'actualité: le maire d'Alger-Centre, Tayeb Zitouni, chef de file de la contestation au RND et qui demandait le départ de l'actuel chef du RND et actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Malgré son insistance, Hmida Ayachi n'a pas réussi à avoir «le vrai» (Essah) de cette sortie médiatique d'un enfant du RND, mais cela donne une idée sur l'espace que peut donner ce genre de télévision à des contestataires d'un parti politique au centre du pouvoir. Même si l'animateur a fait appel au courant de Ouyahia pour répondre à Zitouni, personne ne viendra rendre «esserf» au maire de la capitale vert, et blanc. Le traitement des conflits internes dans les partis politiques algériens est très sensible, mais reste loin des attentes partisanes, car ce genre de problème n'intéresse presque personne, en tout cas pas le téléspectateur, qui regarde la télévision plus pour le divertissement que pour sa culture politique. L'Entv qui a mis un frein à ce genre d'émission pour d'autres raisons, sait que le plus important reste les locales et surtout la présidentielle 2014 et d'ici là, l'artillerie n'est pas encore en position. [email protected]