Les sanctions contre l'Iran vont déstabiliser les cours du pétrole L'Iran affirme avoir mis de côté de quoi faire face aux «lâches» sanctions européennes. Des sanctions pétrolières sans précédent sont entrées en vigueur hier contre l'Iran. Un embargo annoncé en janvier dernier par les puissances européennes. C'est effectivement l'Union européenne qui avait décidé de renforcer les sanctions contre l'Iran en raison de sa «préoccupation croissante» vis-à-vis du programme nucléaire de Téhéran, qui refuse de geler des activités sensibles, comme l'enrichissement d'uranium, susceptibles de servir, selon eux, à la fabrication d'armes nucléaires. Pour sa part, le régime affirme que son programme est exclusivement destiné à un usage civil, pour la production d'énergie et la recherche. A cette initiative européenne, l'Iran affirme avoir mis de côté de quoi faire face aux «lâches» sanctions européennes, ont fait savoir hier des responsables du régime. Samedi soir, le ministre du Pétrole Rostam Ghasemi avait d'ailleurs souligné que l'Iran avait déjà supporté plusieurs séries de sanctions. Il a aussi ajouté que l'Iran avait déjà cessé ses importations vers de nombreux pays européens et vendait son brut à d'autres à la place. «Les pays en développement et les pays avec une croissance économique rapide n'ont pas d'alternative au pétrole», avait-il souligné. «Heureusement, grâce à la qualité du pétrole de notre pays, tous ont intérêt à l'utiliser» a-t-il poursuivit. Parallèlement, les Etats-Unis ont obtenu de plusieurs autres gros clients de l'Iran, notamment asiatiques, qu'ils réduisent leurs importations de brut iranien pour éviter des représailles commerciales et financières décidées par Washington contre les entreprises travaillant avec l'Iran. Outre l'embargo européen, trois des principaux clients asiatiques de l'Iran, l'Inde, la Corée du Sud et le Japon, ont annoncé leur intention de réduire de 10 à 20% en 2012 leurs importations qui totalisaient plus de 800 000 b/j en 2011. La Corée du Sud a, par ailleurs, annoncé cette semaine la suspension temporaire de ses importations, faute d'avoir trouvé une solution au problème de l'assurance des pétroliers, déclenchant la colère de Téhéran. La Chine, premier client de l'Iran, a quant à elle, affirmé qu'elle ne cèderait pas aux pressions américaines. Mais Pékin ne semble pas avoir profité des rabais importants consentis par Téhéran ces dernières semaines, selon les milieux spécialisés, pour acheter davantage de brut iranien qu'en 2011. Contrairement aux prédictions iraniennes, la mise en place de cet embargo n'a pas provoqué de tension sur les marchés pétroliers, où les cours ont, au contraire, chuté de plus de 20% depuis mars. Jeudi dernier, le négociateur iranien pour les questions nucléaires, Saïd Jalili, avait mis en garde les Européens contre les répercussions de ces nouvelles sanctions visant l'Iran, précisant que toute action illégale et contraire à la logique des négociations (...) aura des répercussions, et que les Occidentaux porteront la responsabilité de toute conséquence dommageable à des discussions constructives entre l'Iran et les grandes puissances sur le dossier nucléaire iranien, a indiqué la télévision d'Etat. Cette mise en garde de M. Jalili intervient avant une réunion d'experts prévu demain à Istanbul entre l'Iran et le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) pour essayer de faire avancer le dossier, que le dernier round de négociations à Moscou les 18 et 19 juin n'est pas parvenu à débloquer. De son côté, le ministre iranien du Pétrole, Rostam Ghassemi, a demandé hier une réunion extraordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour soutenir les prix de l'or noir, a rapporté samedi Shana, l'agence spécialisée du ministère du Pétrole. Tout en minimisant l'embargo pétrolier occidental entré en vigueur hier, l'Iran affirme que ces sanctions visant à le convaincre de réduire son programme nucléaire controversé n'auraient «aucun effet» sur son économie.