Le négociateur iranien pour les questions nucléaires Saïd Jalili, a mis en garde, avant-hier, les Européens contre les répercussions de nouvelles sanctions visant l'Iran, dans une lettre au chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton publiée par les médias iraniens. M. Jalili, a averti Mme Ashton que toute action illégale et contraire à la logique des négociations aura des répercussions, et que les Occidentaux porteront la responsabilité de toute conséquence dommageable à des discussions constructives entre l'Iran et les grandes puissances sur le dossier nucléaire iranien, a indiqué la télévision d'Etat. L'Iran demeure prêt à participer à toute initiative permettant aux discussions de se poursuivre avec succès, mais cela ne sera possible que dans le cadre d'une coopération visant à rétablir la confiance entrer les deux parties, a ajouté M. Jalili, selon la même source. Cet avertissement intervient alors que les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, réunis à Bruxelles, doivent entériner l'entrée en vigueur le 1er juillet d'un embargo pétrolier total décidé en janvier par les Européens contre l'Iran en l'absence de progrès dans les négociations entre Téhéran et les grandes puissances sur le dossier nucléaire iranien controversé. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont confirmé en début de semaine que cet embargo ne serait pas reporté, et qu'il visait à faire comprendre à Téhéran que la communauté internationale prend l'affaire au sérieux. L'UE a également affirmé qu'elle était prête à aller encore plus loin dans les sanctions à l'avenir si les négociations n'aboutissent pas. La mise en garde de M. Jalili, intervient par ailleurs avant une réunion d'experts le 3 juillet à Istanbul entre l'Iran et le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) pour essayer de faire avancer le dossier, que le dernier round de négociations à Moscou les 18 et 19 juin n'est pas parvenu à débloquer. L'Iran menace la Corée du Sud de représailles L'Iran a menacé, avant-hier, la Corée du Sud de cesser d'importer des produits sud-coréens si Séoul arrêtait d'acheter du pétrole iranien dans la foulée de l'embargo pétrolier total décidé par l'Union européenne à partir du 1er juillet. Si la Corée du Sud coupe totalement ses importations de pétrole de la République islamique, l'Iran pourrait décider en retour de reconsidérer ses relations avec ce pays, a déclaré le ministre du Pétrole Rostam Ghassemi, à la presse officielle iranienne. L'Iran est l'un des grands importateurs de produits sud-coréens, et (la Corée du sud) va souffrir si elle met en œuvre une politique de sanctions contre le pétrole iranien, a-t-il ajouté. La Corée du Sud a annoncé mardi qu'elle allait suspendre toute importation de brut iranien à partir du 1er juillet en raison des sanctions de l'UE qui vont notamment interdire aux réassureurs européens contrôlant 90% du marché mondial de l'assurance maritime de garantir les cargaisons de pétrole en provenance d'Iran. Troisième acheteur de pétrole iranien avec quelque 220 000 barils/jours en 2011, la Corée du Sud a annoncé en juin avoir réduit ses importations de près de 15% depuis le début de l'année, sous la pression des Etats-Unis qui ont menacé de sanctionner les sociétés étrangères impliquées dans le commerce pétrolier avec l'Iran. L'UE a également annoncé la fin de toute importation de pétrole iranien à partir du 1er juillet, dans le cadre d'une politique de sanctions visant à faire pression sur l'Iran pour l'obliger à freiner son programme nucléaire controversé, condamné par six résolutions de l'ONU. Washington épargne les sanctions à la Chine La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a annoncé, avant-hier, que les Etats-Unis exempteraient la Chine des sanctions économiques visant les achats de pétrole iranien, quelques heures avant l'application prévue de restrictions contre les banques chinoises. La chef de la diplomatie américaine a indiqué dans un communiqué que la Chine avait significativement réduit ses importations de brut iranien, lui permettant ainsi de rejoindre les rangs des nombreux pays exemptés de sanctions. Cette annonce concerne aussi Singapour. En vertu d'une loi votée en 2011, les Etats-Unis sanctionnent à compter du 28 juin les institutions financières commerçant avec la banque centrale iranienne, qui gère les exportations de brut du pays. Mme Clinton s'est félicitée de l'efficacité de ces sanctions. Leur effet cumulé montre clairement au gouvernement iranien que la violation permanente de ses obligations internationales en matière nucléaire ont un coût économique important, a-t-elle dit dans le communiqué, ajoutant que ce coût pour l'Iran s'élevait à environ 8 milliards de dollars par trimestre. Plus d'une dizaine d'autres pays ont déjà été exemptés, dont la France, l'Allemagne ou le Japon en mars, puis l'Inde, la Turquie, l'Afrique du Sud, la Malaisie, la Corée du Sud, le Sri Lanka et Taïwan le 11 juin dernier. Les Etats-Unis n'ont en revanche pas exempté d'autres pays importateurs comme le Pakistan et l'Afghanistan. Au total, 23 pays du monde importent du pétrole iranien, avait précisé en mars un haut responsable américain s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Désormais, 20 sont exemptés de sanctions. Les Etats-Unis ont mené des négociations intensives ces derniers temps avec la Chine et Singapour, alors que la date des sanctions approchait. Un responsable américain s'est félicité de l'annonce récente de la Chine d'une réduction de 25% de ses importations de pétrole iranien entre janvier et mai, par rapport à l'année précédente. La Chine a annoncé que des réductions supplémentaires auraient lieu cette année. Je pense que les Chinois comprennent le sérieux qui nous anime à ce sujet, a indiqué un responsable à la presse. De con côté, la présidente républicaine de la commission des affaires étrangères de la Chambre, Ileana Ros-Lehtinen, a vivement critiqué ce permis accordé à la Chine, selon elle le plus gros importateur de pétrole iranien. Aujourd'hui, l'administration a accordé un permis d'accès gratuit au plus gros (client) de l'Iran, a-t-elle déclaré.