La mort de Yasser Arafat n'était pas naturelle. C'est un laboratoire suisse qui vient de conforter la thèse de l'empoisonnement. Comme pour Arafat, cette thèse avait été largement évoquée à la disparition de Boumediene... La nouvelle est tombée, hier, comme la foudre sur la scène politique internationale. La mort de Yasser Arafat n'était pas naturelle. C'est un laboratoire suisse qui vient de conforter la thèse de l'empoisonnement. Après des analyses de cheveux, de brosse à dents, d'urine et d'une tache de sang prélevés sur le leader palestinien, l'Insitute for Radiation Physics de Lausanne est formel: «Nous avons trouvé qu'il y avait une concentration de polonium...en quantité anormale...c'est une substance qui n'est accessible qu'à des gens qui s'intéressent ou construisent des armes nucléaires» a déclaré le directeur de ce laboratoire suisse, François Bochud. Le polonium est un élément radioactif très puissant. Il est utilisé comme détonateur de bombes nucléaires. La déclaration du labo suisse confirme que seul un Etat peut détenir et utiliser cette substance. Pour mieux comprendre l'importance de ces conclusions d'analyses, il nous faut revenir en arrière. C'est le 11 novembre 2004 que Yasser Arafat rendit l'âme dans un hôpital militaire français, à Clamart, des Hauts-de-Seine. Il y a été admis en urgence après être tombé subitement malade un mois auparavant dans son quartier général de Ramallah, en Cisjordanie, assiégé par l'armée israélienne. Des informations sur son empoisonnement avaient circulé avec insistance à l'époque, mais sans preuve. Le labo suisse vient d'en donner une. Yasser Arafat avait une grande admiration pour la guerre de Libération nationale que menait l'Algérie quand il a créé le «Fatah» en 1959. Son premier bureau dans le Monde arabe, il l'a ouvert à Alger le 23 septembre 1963. Il a gardé le même bureau dès qu'il prit la tête de l'OLP en 1964. Son premier discours à l'ONU, en 1974, il le doit au ministre des Affaires étrangères algérien, Abdelaziz Bouteflika, qui présidait la 29e session de l'Assemblée générale et qui a réussi à l'imposer. C'est encore à Alger qu'eut lieu, le 15 novembre 1988, la proclamation de l'Etat palestinien. C'est dire combien les liens qu'il entretenait avec les dirigeants algériens étaient denses. Dès lors, la nouvelle des résultats des analyses suisses ne pouvait pas nous laisser indifférents. D'autant plus que nous aussi, nous avons perdu en 1978 notre président de la République, Houari Boumediene, emporté par une mystérieuse maladie. Comme pour Arafat, la thèse de l'empoisonnement avait été largement évoquée pour Boumediene. Sans preuve, là aussi. Et s'il est possible de procéder à des analyses après exhumation du corps comme semble le vouloir la veuve du leader palestinien, pourquoi ne le ferait-on pour notre ancien président? Les Algériens ont le droit de savoir. Il s'agit d'un homme qui a marqué l'histoire du pays. Pour beaucoup de choses, mais la principale est qu'il est celui qui a créé la première armée moderne de l'Algérie. De toutes les réalisations dont on peut être fiers aujourd'hui, celle de l'ANP créée dans le prolongement de l'ALN, qui était composée, il faut le dire, plus par des volontaires civils que par des militaires formés à ce métier. C'est Boumediene et son équipe, nous pensons entre autres au colonel Chabou par exemple qui mit en place le Service national et qui trouva la mort, en 1971, dans un accident d'hélicoptère. Tout comme Arafat, Boumediene dérangeait beaucoup d'intérêts au niveau international. Il a aidé tous les mouvements de libération dans ce qui était appelé le tiers-monde. C'est lui qui a déclaré: «Nous sommes avec les Palestiniens victimes ou coupables». Façon d'exprimer son soutien inconditionnel à la cause palestinienne. C'est lui aussi qui, peu avant sa mort, avait avancé l'idée d'un nouvel ordre économique mondial. En cet anniversaire de notre indépendance, la plus grande de nos réalisations et la plus importante de toutes est, sans conteste, notre armée. On aura beau débattre des questions économiques, du social comme l'accès à l'eau, au logement, à la santé, sans les moyens de défense que nous assure l'ANP et tous les autres corps de sécurité, ce ne serait que pures diarrhées verbales. Car aussi loin que nous remontons dans notre histoire et mis à part la tentative de l'émir Abdelkader, nous avons toujours souffert d'absence de défenses dans le sens moderne du terme. Alors quand on voit, comme ces derniers jours, les nombreuses sorties de promo dans les casernes et entendre des échos élogieux sur notre armée venir de l'étranger, c'est notre fierté qui est titillée, mais c'est aussi et surtout un grand sentiment de sécurité qui nous envahit. C'est pourquoi nous avons aussitôt pensé à Boumediene et à la mystérieuse maladie qui l'a emporté dès que nous avons appris que celle de Arafat était, en vérité, un empoisonnement. En saurons-nous plus un jour? Pourquoi pas! [email protected]